Des fois, ce qui va sans dire va mieux en ne le
disant pas. Sibeth Ndiaye, nouvelle porte-parole du gouvernement, disait
naguère : « j'assume
parfaitement de mentir pour protéger le président ». Que la
conseillère presse du président de la République soit prête à mentir si c’est
utile, nul n’en doute. Il faut juste éviter de le dire.
Sibeth Ndiaye ne nie d’ailleurs pas. Elle assure juste que cette phrase de 2017 a été extraite de son contexte. Elle ne va pas jusqu’à dire : « Non, je ne suis pas prête à mentir pour défendre le président ». Elle laisse d’autres en accepter l’augure. « Je ne doute pas qu'elle n'aura pas la même dimension et la même approche maintenant dans sa responsabilité gouvernementale que celle qu'elle avait au sein d'un cabinet », a déclaré Hughes Renson, vice-président LREM de l’Assemblée nationale.
D’autres défenseurs de Sibeth Ndiaye préfèrent glisser sur cette justification du mensonge pour se focaliser plutôt sur une autre petite phrase fameuse : « la meuf est dead », aurait-elle écrit à un journaliste après la mort de Simone Veil. Certains chasseurs de fake news proclament victorieusement que la phrase est fausse : en réalité, Sibeth Ndiaye a écrit « la meuf est morte ». Comme si avoir écrit « morte » au lieu de « dead » l’excusait d’avoir qualifié Simone Veil de « meuf ».
On rappelle aussi beaucoup ces jours-ci l’épisode du « pognon dingue ». En juin dernier, une petite vidéo d’une réunion de travail à l’Élysée était diffusée sur les réseaux sociaux. « On met un pognon de dingue dans des minima sociaux », y déclarait Emmanuel Macron. De toutes les petites phrases malheureuses du président, celle-ci est sans doute l’une de celles qui ont eu le retentissement le plus large et le plus négatif. Or la vidéo avait été mise en ligne délibérément par Sibeth Ndiaye. Celle-ci l’avait accompagnée du tweet suivant :
Sibeth Ndiaye ne nie d’ailleurs pas. Elle assure juste que cette phrase de 2017 a été extraite de son contexte. Elle ne va pas jusqu’à dire : « Non, je ne suis pas prête à mentir pour défendre le président ». Elle laisse d’autres en accepter l’augure. « Je ne doute pas qu'elle n'aura pas la même dimension et la même approche maintenant dans sa responsabilité gouvernementale que celle qu'elle avait au sein d'un cabinet », a déclaré Hughes Renson, vice-président LREM de l’Assemblée nationale.
D’autres défenseurs de Sibeth Ndiaye préfèrent glisser sur cette justification du mensonge pour se focaliser plutôt sur une autre petite phrase fameuse : « la meuf est dead », aurait-elle écrit à un journaliste après la mort de Simone Veil. Certains chasseurs de fake news proclament victorieusement que la phrase est fausse : en réalité, Sibeth Ndiaye a écrit « la meuf est morte ». Comme si avoir écrit « morte » au lieu de « dead » l’excusait d’avoir qualifié Simone Veil de « meuf ».
On rappelle aussi beaucoup ces jours-ci l’épisode du « pognon dingue ». En juin dernier, une petite vidéo d’une réunion de travail à l’Élysée était diffusée sur les réseaux sociaux. « On met un pognon de dingue dans des minima sociaux », y déclarait Emmanuel Macron. De toutes les petites phrases malheureuses du président, celle-ci est sans doute l’une de celles qui ont eu le retentissement le plus large et le plus négatif. Or la vidéo avait été mise en ligne délibérément par Sibeth Ndiaye. Celle-ci l’avait accompagnée du tweet suivant :
« Le Président ? Toujours exigeant. Pas encore satisfait du discours qu’il prononcera demain au congrès de la Mutualité, il nous précise donc le brief ! Au boulot ! »
La vidéo était censée montrer combien Emmanuel Macron est travailleur. De toute évidence, Sibeth Ndiaye n’avait absolument pas compris le danger du « pognon dingue ». Pas plus que celui de la « meuf ». Et elle n’a pas su éviter de nombreuses petites phrases qui ont fait du tort à son patron, ou convaincre la presse que l’important dans ses discours était ailleurs.
Les petites phrases sont un phénomène éminemment culturel. Positive ou négative, leur puissance n’est pas dans leur formulation littérale, elle est dans leur contenu implicite qui renvoie à la culture de leur public. Née à Dakar, Sibeth Ndiaye a été élevée au Sénégal avant de venir faire des études supérieures en France (elle a été naturalisée française en 2016). Il n’est pas impossible que, sur le terrain des petites phrases, sa double culture soit un handicap plus qu’un avantage. Prête à mentir pour protéger le président, il lui arrive de le desservir en disant la vérité ! Elle n'est probablement pas la bonne personne au bon endroit. Se pourrait-il qu'elle soit à la communication d’Emmanuel Macron ce qu’était Alexandre Benalla à sa sécurité ?
Michel Le Séac’h
Photo : extrait de vidéo https://www.youtube.com/watch?v=Qfvyamw8MZE
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A lire :
Michel Le Séac'h, Les Petites phrases d'Emmanuel Macron, 2022