Un moustique est un insecte qui vole et qui pique. Cet
énoncé est vrai et faux à la fois puisque seul vole et pique l’adulte (imago) qui
succède à la larve et à la nymphe, lesquelles n’en sont pas moins moustique elles aussi.
L’analogie est rustique, sans doute, mais une petite phrase, qui vole et qui
pique à sa manière, passe elle aussi par trois phases[1] :
- Petite phrase émise, telle qu’elle est prononcée ou écrite par son auteur.
- Petite phrase transmise, telle qu’elle est citée et reproduite dans la presse et les médias sociaux.
- Petite phrase admise, telle qu’elle est comprise par un public et s’inscrit plus ou moins durablement dans sa mémoire.
Ces trois phases sont des champs d’étude pour des sciences
différentes. Chacune de ces sciences est susceptible de définir différemment la
petite phrase. Et l’on ne peut comprendre la nature globale de celle-ci qu’à condition de considérer ses trois phases.
Mais à quoi bon un long discours ? L’idée peut être
résumée par ce simple tableau :
PHASes de la
petite phrase
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émise
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Transmise
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Admise
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Missions
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Expression
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Diffusion, discussion
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Interprétation,
mémorisation
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Description
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Il le dit
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On dit qu’il l’a
dit
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On sait – ou croit
savoir – qu’il l’a dit
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Protagonistes
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Auteur
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Médias, réseaux
sociaux
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Public
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Déterminant
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Contenu
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Contexte
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Culture
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Mouvement
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Pousser
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Transmettre
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Tirer
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Domaines d'étude
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Linguistique,
sémiologie, lexicologie, analyse du discours
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Sciences de
l’information et de la communication, science politique
|
Psychologie,
psychosociologie, sciences cognitives, neurosciences
|
Juste une observation supplémentaire sur la rubrique « déterminant ». Pour qu’il y ait petite phrase, il faut qu’il y ait un contenu, des mots (en petit nombre, voire un seul), d’où l’intérêt que lui portent les sciences du langage.
Mais ce contenu n’est pas nécessairement très saillant au premier degré. Ce qui le rend remarquable et fait qu’il sera transmis, repris par la presse et les réseaux sociaux, est sa pertinence à l’égard d’un contexte : la petite phrase émane d’un personnage important, elle se rapporte à un événement en cours, elle concerne beaucoup de monde, etc.
En fin de compte, la petite phrase sera admise si elle correspond à la culture de son public. Celui-ci la comprend ou l’interprète aisément, il la range plus ou moins durablement dans une doxa qu’elle contribue à alimenter. En cas de dissonance cognitive, elle ne prospère pas.
Ces trois déterminants, contenu, contexte et culture, peuvent être retenus comme les « 3C ». Mais si l’on veut les mémoriser aisément, les trois premières syllabes présentent peut-être certaines vertus mnémoniques…
Michel Le Séac’h
[1] Voire quatre
en cas de recyclage sous forme de snowclone.
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Illustration : cycle de vie d'un moustique du genre Culex, par Mariana Ruiz Villarreal LadyofHats, Wwikipedia Commons
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Illustration : cycle de vie d'un moustique du genre Culex, par Mariana Ruiz Villarreal LadyofHats, Wwikipedia Commons
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