21 juillet 2024

« Fight, fight, fight » : portrait résumé d’un Trump héroïque

Une image vaut mille mots, mais un mot peut valoir une image qui en vaut mille. Saisi en contre-plongée, Donald Trump, le visage ensanglanté, brandit le poing au-dessus d’un essaim de gardes du corps, sous un drapeau américain déployé : qui douterait que cette photo prise par Evan Vucci le 13 juillet 2024 restera dans l’histoire ? Jason Farago, du New York Times, la compare à La Liberté guidant le peuple de Delacroix. Cette image à un son : « Fight, fight, fight » (« battez-vous »), prononcé par l’ancien président des États-Unis alors qu’il vient d’échapper à un attentat. 

L’homme qui voulait tuer Donald Trump le fait entrer dans la légende. Les médias comprennent dans l’instant le potentiel de cette scène. Certains d’entre eux, très engagés contre Trump, tentent comme par réflexe de la tourner à son détriment, ou du moins de la désamorcer. Quelques-uns ciblent particulièrement le « Fight, fight, fight » ‑ et après tout, avec le poing levé, c’est le principal apport personnel de l’ancien président dans cet épisode. Nicolas Ghorzi, de BFMTV, va jusqu’à transformer le « Fight » (battez-vous) en « Wait » (attendez). « "Wait! Wait! Wait!" : le moment où Trump a levé le poing juste après s’être fait tirer dessus », titre-t-il, esquissant une scène plutôt burlesque. 

Poings brandis 

D’autres affectent de considérer le « Fight, fight, fight ! », au moins implicitement, comme un acte de communication délibéré. « Donald Trump a eu la présence d’esprit de penser à la scénographie de ce moment politique », écrit Piotr Smola dans Le Monde. Ainsi, en à peine plus d’une minute (de 18 h 11 et 34 secondes à 18 h 12 et 47 secondes, précise Julien Peyron dans Le Point), l’orateur frappé d’une balle et bousculé par ses gardes du corps aurait conçu une mise en scène, sans bénéficier des conseils du moindre spin doctor ? Quelle « présence d’esprit » en effet ! « “Fight! Fight! Fight!“: Trump emerges as an American messiah with swagger » (Trump apparaît en plastronnant comme un Messie américain) titre David Smith, du Guardian, à propos de la convention républicaine de Milwaukee, le surlendemain. Il insiste : « Trump a suscité colère, sympathie et extase rien qu’en appuyant sur un bouton, ce qui évoque des chapitres sombres de l’Europe du 20e siècle. » L’allusion est obscure. Le journaliste l’éclaire ainsi : « “Fight! Fight! Fight!”, scandaient [les participants à la convention], brandissant leurs propres poings à l’unisson. Trump avait pris une balle pour eux. Leur ferveur indiquait qu’ils en prendraient volontiers une pour lui. Une armée MAGA en marche. Un spectacle terrifiant pour la démocratie américaine. »


Une présentation aussi venimeuse risque fort d’être contre-productive. D’autres commentateurs, qu’on ne pourra soupçonner de nourrir une plus grande sympathie pour Donald Trump, analysent l’épisode sous un angle plus réaliste et plus informatif. « Cet instant a été une illustration extraordinaire des instincts politiques naturels de Trump et de sa vive conscience de l’image qu’il projette », écrit ainsi Jill Colvin, d’AP News. « Même pendant un chaos inimaginable, Trump a pris le temps de livrer son message, suscitant des images et vidéos iconiques qui deviendront à coup sûr un moment d’histoire indélébile. » Carlos Lozada, du New York Times, assure que « ces quelques mots adressés aux milliers de participants à la réunion de Butler (Pennsylvanie) et aux millions de gens qui ont regardé la scène en boucle sur leur écran, ne sont pas moins emblématiques, pas moins essentiels pour comprendre le message et la signification de Trump. »

Logos, ethos, pathos

Et il en donne une explication remarquable : « Avec ce refrain laconique et provocateur, Trump réalise de nombreuses choses à la fois. Il confirme qu’il demeure lui-même, sain et sauf, il ordonne à ses partisans comment réagir à ceux qui l’attaquent et il capte l’état émotionnel d’un pays qui était à cran bien avant l’horreur d’une tentative d’attentat. » 

Autrement dit, la formule « Fight, fight, fight ! » fonctionne comme une petite phrase ! Avec un logos « laconique », Trump affiche un ethos de leader qui surmonte l’adversité et montre la voie, en phase avec le pathos de son public. L’ethos est clair. «  L’image de l’ancien Président, visage en sang, poing levé et criant « fight, fight, fight ! » sous la bannière étoilée, lui confère un statut iconique de Warrior, de guerrier », analyse Jean-Dominique Merchet dans L’Opinion. « En quelques secondes, Donald Trump a réussi à incarner les mythes virilistes. » Quant au pathos des Républicains américains, s’il en fallait une démonstration, elle intervient bruyamment le surlendemain : « “Fight ! Fight ! Fight !“ : Donald Trump accueilli en héros à la convention républicaine de Milwaukee », titre Le Parisien. 

L’équation est si claire que Trump lui-même en a peut-être été effrayé. Dans les jours suivant l’attentat, il tente de calmer le jeu en insistant sur la nécessité de l’union nationale et en usant d’un vocabulaire pacifique, débarrassé de ses imprécations habituelles. Mais cette fois, peut-être les spin doctors ont-ils eu le temps d’intervenir. 

Michel Le Séac’h

03 juillet 2024

Les petites phrases d’Emmanuel Macron selon Cécile Alduy : on ne prête qu’aux riches, mais on peut leur prêter à tort

Dans une tribune du Monde, Cécile Alduy, professeur de littérature française à Stanford University, s’indigne d’une « stratégie de la petite phrase » employée par Emmanuel Macron(1). Deux jours plus tôt, son analyse avait alimenté un article de Simon Cardona, de Radio France(2). L’un et l’autre s’attachent à quatre expressions utilisées une fois chacune par le président de la République entre mai 2019 et juin 2024 : « guerre civile », « décivilisation », « immigrationniste », « droits-de-l'hommiste ».

Il est remarquable que Cécile Alduy considère ces mots ou ou ces locutions comme des « petites phrases ». Voici quelques années, dans Ce qu’ils disent vraiment – Les politiques pris aux mots, elle tenait les petites phrases pour une « écume » sans importance(3). Elle y voit désormais, une figure majeure, stratégique, du discours politique.

« Les journalistes se tournent vers moi, analyste du discours, pour élucider les intentions du président », écrit-elle. Mais « ce qui compte, ce sont les effets et le fonctionnement de ses prises de paroles sur le débat public ». Et, pour elle, l’effet exercé sur le débat public par les mots du président « est limpide : banalisation révoltante de la langue de l’extrême droite identitaire, mise en circulation d’une vision du monde fondée sur la stigmatisation de l’étranger, confusion des clivages politiques et destruction des digues morales dans le débat public. »

Ces jugements définitifs surprennent puisqu’ils s’appliquent à un discours macronien qui ne l’est jamais, lui. De même que Bernard Tapie avait des « sincérités successives », Emmanuel Macron a plus d’une fois tenu des propos incompatibles entre eux, parfois délibérément, sous couvert d’en-même-temps. Cela n’échappe pas à Cécile Alduy, qui pose même un constat d’inanité tranchant avec la radicalité de sa position morale : « Ces mots de trop d’Emmanuel Macron, renvoyons-les à leur insignifiance. » Tout en ajoutant : « Refusons de les acclimater encore davantage à force de glose ». Séquence qui elle-même évoque l’en-même-temps macronien : ce qu’il dit est révoltant et insignifiant et il faut le dénoncer et il ne faut pas en parler.

Biais de confirmation ?

Cependant, les quatre expressions commentées par Cécile Alduy et Simon Cardona ne sont pas contradictoires entre elles : elles auraient en commun d’appartenir à « la langue de l’extrême droite identitaire ». Mais pourquoi, dans la masse énorme des déclarations présidentielles(4), ne retenir que ces quatre expressions, à l’exclusion de tant d’autres (« non-vaccinés », « violences policières », « crime contre l’humanité », etc.) ? Inévitablement, on soupçonne quelque biais de confirmation.

  • Emmanuel Macron a prononcé ‑ une fois ‑ le mot « décivilisation » en mai 2023. « Contacté, l'Élysée dément très vite tout emprunt à l'écrivain, militant d'extrême droite et théoricien du "grand remplacement" Renaud Camus, auteur du livre Décivilisation paru en 2011 », rappelle Simon Cardona. Le concept et le mot sont présents depuis le 19e siècle chez de nombreux auteurs, entre autres Norbert Elias. Imaginer à travers un mot une filiation Camus-Macron serait ériger Camus en maître à penser et, ce qui est plus invraisemblable, voir Macron en disciple.
  • Le mot « immigrationniste » est à peine plus significatif. Il décrit une prise de position vis-à-vis de l’immigration sans nécessairement y adhérer. « L’immigration reste "le" cheval de bataille de Marine Le Pen et sa marque de fabrique », écrivait Cécile Alduy en 2017 dans Ce qu’ils disent vraiment. Mais les sondages montrent aujourd’hui que l’immigration préoccupe au moins les deux tiers des Français : attacher le mot « immigrationniste » à Marine Le Pen serait attribuer à celle-ci plus de place dans les têtes que dans les urnes.
  • L’expression « droits-de-l’hommistes » est plus marquée. « Ça, c'est vraiment le vocabulaire de l'extrême droite des années 90 », note Cécile Alduy, citée par Simon Cardona. Attacher cette locution du siècle dernier à une « vision du monde » propre au chef de l’État serait aventuré : il l’a utilisée une seule fois, en octobre 2019, et plus jamais depuis, alors qu’il parle souvent de droits de l’Homme. On pourrait en revanche s'interroger sur une propension du président à dire à son interlocuteur ce qu’il a envie d’entendre ; il s’adressait en l’occurrence à l’hebdomadaire Valeurs Actuelles.
  • Enfin, « guerre civile » n’appartient évidemment pas à l’extrême-droite. Éric Zemmour a utilisé la locution ? Oui, comme des centaines ou des milliers de responsables politiques depuis le De bello civili de Jules César. Le terrorisme « vise à créer un sentiment d'insécurité tel que les ferments de la guerre civile pourraient se retrouver réunis », s’inquiétait François Hollande en décembre 2015. « Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile », prévenait Alain Juppé en septembre 2016. Nul n’y a entendu « la langue de l’extrême droite identitaire ».

Petite phrase : une qualification mal choisie

En tout état de cause, qualifier de « petite phrase » la reprise d’une expression appartenant notoirement à autrui est un contresens. Une petite phrase, telle que la définit constamment la pratique médiatique, est la phrase d’un auteur. Si Emmanuel Macron reprend délibérément ce qu’a dit quelqu’un d’autre, c’est une citation --  à moins qu’il ne parvienne à se l’approprier d’une manière ou d’une autre (« Make our planet great again »…). Une citation est une forme d’allégeance : le président de la République ne peut citer que de grands auteurs !

Sémiologue et non politologue, Cécile Alduy se focalise sur le sens des mots prononcés. Implicitement, le « débat public » est pour elle un pur débat conceptuel. Or une petite phrase, avant d’exprimer éventuellement une idée, a une valeur relationnelle : c’est un logos où se rencontrent un ethos et un pathos, son sens découle de la réputation de l’auteur et des passions du public. Loin d’être une « écume », elle participe à l’édification d’un leadership. La locution « petite phrase » est mal définie, tâchons malgré tout de l’utiliser à bon escient.

Michel Le Séac'h

(1) Cécile Alduy, « A force de prêter une attention médiatique démesurée à ceux qui parlent le plus fort, la petite musique sibylline du RN passe sous les radars et s’enracine », Le Monde, 28 juin 2024, https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/28/a-force-de-preter-une-attention-mediatique-demesuree-a-ceux-qui-parlent-le-plus-fort-la-petite-musique-sibylline-du-rn-passe-sous-les-radars-et-s-enracine_6245101_823448.html

(2) Simon Cardona, « "Guerre civile", "décivilisation", "immigrationniste", "droits-de-l'hommiste" : ces quatre fois où Emmanuel Macron a repris le discours de l'extrême droite », 26 juin 2024, https://www.francetvinfo.fr/elections/legislatives/guerre-civile-decivilisation-immigrationniste-droits-de-l-hommiste-ces-quatre-fois-ou-macron-a-repris-le-discours-de-l-extreme-droite_6625404.html

(3) Voir dans ce blog « Ce qu’ils disent vraiment, de Cécile Alduy (et ce qu’elle n’écrit pas vraiment », 13 novembre 2017, https://www.phrasitude.fr/2017/11/ce-quils-disent-vraiment-de-cecile.html

(4) Voir Michel Le Séac’h, Les Petites phrases d’Emmanuel Macron – Ce qu’il dit, ce qu’on lui fait dire, autoédition 2022, ISBN 9798411516807

Photo d’Emmanuel Macron : Présidence de Russie, licence CC BY 4.0

02 juillet 2024

Élections législatives : petites phrases et tectonique des leaders

La brève campagne des élections législatives a bien sûr donné lieu à de nombreuses petites phrases. Peu laissent des traces durables. D’une part, le rythme de la campagne est rapide. D’autre part, le Rassemblement national (RN), acteur central du débat et prétendant réel au pouvoir, ne recherche visiblement pas les formules fortes ‑ que ce soit par stratégie, par manque d’expérience ou par peur d’un nouveau « détail ».

Le président de la République, en revanche, demeure un fournisseur privilégié – un « verbomoteur sans frein », assure Catherine Nay[i]. Parmi ses déclarations expressément qualifiées de « petites phrases » par certains médias figurent par exemple : 

« Ses petites phrases plus ou moins provocatrices et maîtrisées, lancées ici ou là, n’arrangent pas les choses », estime le sociologue Jean-Pierre Le Goff. « Elles alimentent l’"essoreuse à idées" des réseaux sociaux, et des émissions de chaînes d’info, qui mélangent tous les genres et noient tout dans l’indistinction[ii]. »

Pourtant, l’indistinction n’est pas partout. Cette campagne aura aussi été marquée par des petites phrases d’un type plus original : les formules de distanciation.

La plupart des petites phrases politiques expriment une aspiration à exercer le pouvoir ou à s’en rapprocher. Quand le vent tourne, il en va autrement. « Je ne connais pas cet homme » assure saint Pierre lors du procès de Jésus ; trois jours plus tôt, lors de son entrée triomphale dans Jérusalem, il était le plus proche de lui. « Avant que le coq ne chante, tu m’auras renié par trois fois », avait prévu Jésus, sans illusion.

Le contexte n’est pas nécessairement aussi dramatique. Pourtant, à l’approche d’une défaite annoncée, des leaders importants s’efforcent de recadrer leur ethos – ce que l’opinion croit savoir de leur caractère et de leur position. Ce travail de recadrage n’est pas propre aux campagnes électorales. Dans la politique contemporaine, le cas le plus notable est sans doute celui de Laurent Fabius en 1984. Récemment nommé Premier ministre par un François Mitterrand autour duquel le mécontentement monte, il est interrogé lors d’un entretien télévisé sur ses rapports avec le président. « Lui c’est lui, moi c’est moi », répond-il.

Les médias de l’époque y voient à peu près unanimement une prise de distance, voire une franche critique. C’est en fait une manipulation : « Lui et moi avons mis au point ensemble cette formule, dans son bureau, le stylo à la main », raconte Laurent Fabius quelques années plus tard[iii]. Mais le simulacre de distanciation fonctionne ; surtout, les commentaires sont réorientés vers la petite phrase elle-même et non vers les causes éventuelles de désaccord au sommet de l’État

Deux piliers de la « macronie » s’écartent

En juin 2024, on remarque particulièrement une petite phrase de Bruno Le Maire. Il s’était déjà illustré début juin, pendant la campagne de l’élection européenne en affirmant : « J’ai sauvé l’économie française[iv]. » Un lapsus ? Manifestement pas ; plutôt l’affirmation d’une position de leadership, avec peut-être le pressentiment de bouleversements prochains. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, il déclare sur TV5 Monde : « les parquets des ministères et des palais de la République sont pleins de cloportes[v] ». La métaphore est impitoyable. Est-elle suffisante pour marquer une différence avec le pouvoir en place ? Ministre depuis sept ans, Bruno Le Maire connaît peut-être trop bien ces parquets. Et employer un terme fort comme « cloportes » peut être dangereux. Dans la mémoire d’une opinion approximative, il risque de rester vaguement associé à celui qui le prononce.

Édouard Philippe, pour sa part, marque sa distance de manière moins populaire et davantage « politologique ». « C'est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle […] Il a décidé de la tuer, on passe à autre chose », déclare-t-il à TF1[vi]. L’ancien Premier ministre semble chercher un repositionnement de son ethos non directement auprès de l’électorat mais auprès des milieux politiques – en particulier des députés macronistes qui ne seront pas réélus.


M.L.S.


[i] Catherine Nay, « Avec Emmanuel Macron, trop de parole tue la parole », Le Figaro, 13 juin 2024.
[ii] Jean-Pierre Le Goff, « Le chef de l’État a encouragé l’autodestruction du politique », Le Figaro, 26 juin 2024
[iii] Voir Michel Le Séac’h, La petite phrase, Eyrolles, 2015, p. 58.
[iv] Voir par exemple Rachel Garrat-Valcarcel, « Bruno Le Maire a-t-il le boulard ? », 20 minutes, 3 juin 2024, https://www.20minutes.fr/politique/4094215-20240603-sauve-economie-francaise-bruno-maire-boulard#
[v] Voir par exemple Sylvain Chazot, Chez Pol, « Bruno Le Maire flingue Bruno Roger-Petit et «les cloportes» qui conseillent Emmanuel Macron à l’Elysée », Libération, 21 juin 2024, https://www.liberation.fr/politique/bruno-le-maire-flingue-bruno-roger-petit-et-les-cloportes-qui-conseillent-emmanuel-macron-a-lelysee-20240621_Q6BO6WXP6BAQPMIUNJRY4IHGXA/
[vi] Paul Larrouturou, TF1 Info, sur X, 20 juin 2024, https://x.com/PaulLarrouturou/status/1803851311861108864?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1803851311861108864%7Ctwgr%5Edd5ab0f62d5a52f2ada870107c9b9b355e642316%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.tf1info.fr%2Felections%2Flegislatives-2024-video-edouard-philippe-accuse-emmanuel-macron-d-avoir-tue-la-majorite-presidentielle-2305043.html

Photo : Bruno Le Maire en septembre 2023, photo EU2023ES via Flickr, CC BY-NC-ND 2.0, recadrée sur le ministre