L’Académie française a mis en ligne cette semaine le
nouveau site de son Dictionnaire. On peut y consulter la huitième
édition de l’ouvrage (parue en 1932-1935) et la neuvième édition, qui s’arrête
pour l’instant au début de la lettre S – exactement au mot Sabéisme –
ainsi que de nombreux documents utiles, le tout sous une présentation claire et
sobre. Bravo !
J’ai déjà dit
mon admiration pour la définition élégante et audacieuse de la locution « petite
phrase » proposée par l’Académie à l’article « phrase » :
« formule concise qui, sous des dehors anodins, vise à marquer les
esprits »[1]. On
la retrouve telle quelle dans la version en ligne.
Hélas on y retrouve aussi une version un peu
différente glissée parmi les exemples relatifs à l’adjectif « petit » :
« phrase concise qui, sous des dehors anodins, vise à marquer les
esprits ». Dans cette définition, la petite phrase n’est donc qu’une
phrase et non une « formule », celle-ci étant définie par
l’Académie comme, entre autres, une « expression condensée, nette et frappante ». Rien de plus cohérent.
Mais surtout,
l’exemple « petite phrase » figure sous cette définition de
l’adjectif « petit » : « Dont
l’intensité, la force, la qualité est moindre que la moyenne ». Considérer
comme faible en intensité, en force et/ou en qualité une phrase qui « vise
à marquer les esprits », n’est-ce pas en faire un
oxymore ?
Heureusement, l’Académie française procédant par ordre
alphabétique, sa définition du mot « phrase » doit être
postérieure à celle du mot « petit ». Il est juste dommage que
cette définition plus récente n’ait pas été rétropolée (un mot que le Dictionnaire
ignore encore à ce jour) sur la plus ancienne.
Michel Le Séac’h
[1] Voir Michel
Le Séac’h, La Petite prase, Paris, Eyrolles, 2009, p. 129-130 et sur ce
blog « Petite phrase : la définition magistrale de l’Académie
française », http://www.phrasitude.fr/2015/07/petite-phrase-la-definition-magistrale.html
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