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10 mai 2020

« Nous sommes en guerre » n’est pas une petite phrase. Quoique…

Rarement quatre mots auront suscité autant d’exégèses. Ces quatre mots, « nous sommes en guerre », ont été prononcés par Emmanuel Macron dans un discours du 16 mars 2020 à propos de l’épidémie de covid-19. Prononcés à six reprises, même : c’est dire s’il tenait à ce qu’on les remarque. Et en effet, remarqués, ils l’ont été. La plupart des commentateurs y ont vu une métaphore. Presque personne une petite phrase, ce qui est un peu étrange, s’agissant d’un président à qui l’on en a tant attribué.

La guerre est-elle encore une métaphore ? Elle n’est pas l’apanage d’Emmanuel Macron, en tout cas. On la voit invoquée à tout bout de champ. « Nous sommes en guerre », disait Nicolas Hulot en juin 2019 à propos du réchauffement climatique[1]. « Nous sommes en guerre contre les marchés financiers » assurait jadis Bruno Le Maire, alors ministre de Nicolas Sarkozy[2]. Une simple recherche sur internet permet de constater que des maires français, par exemple, ont au cours des derniers mois « déclaré la guerre » aux déjections canines, aux éoliennes, aux anglicismes, aux décharges sauvages, à la 5G, au gaz hilarant, aux mégots de cigarettes, aux perturbateurs endocriniens, etc.

Autrement dit, la guerre est devenue un cliché, un lieu commun, une « métaphore morte » ‑ concept auquel Emmanuel Macron devrait être sensible puisqu’il a été largement traité par son maître à penser Paul Ricœur[3].

Une métaphore montée à l’envers

Cette métaphore est d’autant plus morte que la guerre, pour la plupart des Français, est devenue théorique. C’est un fait du passé, ou un fait lointain (en Syrie, au Sahel…), pas un fait vécu. « À l’époque contemporaine, aucune métaphore n’a été plus utilisée, même si la chose à laquelle elle se réfère est sortie de l’horizon de l’expérience pour la plupart des gens dans le monde développé », souligne l’historien américain David A. Bell[4]. « La plupart d’entre nous n’a aucune expérience réelle de la guerre – aucun sens réel et viscéral de ce qu’elle implique et de ce qu’elle exige ».

Or une métaphore consiste d’ordinaire à remplacer de l’abstrait par du concret, comme l’a montré George Lakoff voici déjà plusieurs décennies. L’encyclopédie en ligne Larousse en a fait la définition même de la métaphore : « Emploi d'un terme concret pour exprimer une notion abstraite par substitution analogique, sans qu'il y ait d'élément introduisant formellement une comparaison ». Chaque année, une campagne publique nous incite à nous vacciner contre l’épidémie de grippe. Pour nous, celle-ci est plus « concrète » que la guerre. Comparer l’épidémie à la guerre serait donc une métaphore montée à l’envers. Une absurdité rhétorique.

Le communicant Florian Silnicki est de cet avis : « Ce vocabulaire martial est inapproprié et surtout, en inadéquation avec la culture sociétale et sociologique. La plupart des Français qui ont écouté ce discours n’ont pas connu la guerre. On ne peut pas espérer marquer les esprits selon une stratégie de choc de la même façon qu’auraient pu le faire un De Gaulle ou un Mitterrand[5]. »

Guerre éclair

Emmanuel Macron nourrirait-il cet espoir malgré tout ? Certains linguistes, politologues et autres experts réels ou supposés s’en sont dits convaincus. Pour Cécile Alduy, « il y a une visée politique dans ce registre martial : incarner le Père de la Nation à la Clemenceau, imposer par ricochet une unité nationale que seule la guerre justifie, faire taire donc les oppositions et les critiques[6]. » Apparemment, ce point de vue est partagé par beaucoup. « Depuis le discours d’Emmanuel Macron le 16 mars et son usage du terme « guerre », observateurs et politiques usent et abusent de la métaphore », note Gaïdz Minassian[7].

En effet, chose étrange, ce sont ces commentateurs qui filent la métaphore pour le compte d’Emmanuel Macron. Ils assimilent par exemple « l’exode parisien » à celui de mai 1940[8]. Le chef de l’État n’en demandait probablement pas tant. Car, chez lui, le thème de la guerre est étroitement daté.

Il est absent de sa première adresse aux Français à propos de l’épidémie, le 12 mars 2020, qui ne contient rien de plus belliqueux qu’un hommage aux « héros en blouse blanche ». Loin de saisir l’occasion de s’ériger en chef de guerre, le président exclut tout « repli nationaliste ». Il se dit à la remorque du monde médical.

Un principe nous guide pour définir nos actions, il nous guide depuis le début pour anticiper cette crise puis pour la gérer depuis plusieurs semaines et il doit continuer de le faire : c'est la confiance dans la science. C'est d'écouter celles et ceux qui savent.

Les six « nous sommes en guerre » n’apparaissent que dans la deuxième adresse aux Français, quatre jours plus tard, le 16 mars 2020. Ils sont précédés par cette explication :

alors même que les personnels soignants des services de réanimation alertaient sur la gravité de la situation, nous avons aussi vu du monde se rassembler dans les parcs, des marchés bondés, des restaurants, des bars qui n’ont pas respecté la consigne de fermeture. Comme si, au fond, la vie n’avait pas changé

La guerre reste très présente neuf jours plus tard, dans l’allocution du 25 mars prononcée à l’issue d’une visite du chef de l’État au CHU de Mulhouse :

je vous ai dit il y a quelques jours que nous étions engagés dans une guerre, une guerre contre un ennemi invisible, ce virus, le Covid-19 et cette ville, ce territoire porte les morsures de celui-ci. Lorsqu'on engage une guerre, on s'y engage tout entier…

Au-delà de ces deux discours, la guerre disparaît presque du vocabulaire d’Emmanuel Macron. Elle ne figure que comme une lointaine rémanence dans la troisième adresse aux Français, celle qui annonce une perspective de retour à la normale, le 13 avril :

nos entreprises françaises et nos travailleurs ont répondu présent et une production, comme en temps de guerre, s'est mise en place…

Rien de plus. C’est même ce qui frappe les observateurs perspicaces comme Philippe Moreau-Chevrolet : « Emmanuel Macron est redescendu sur terre. Il n'a plus parlé de guerre [comme il l'avait fait le 16 mars, lorsqu'il avait déclaré "nous sommes en guerre"]. Ce n’était plus Clemenceau. Il s'est placé au même niveau que ses ministres ou que le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, dans la gestion de la crise sanitaire[9]. » Cécile Alduy, en revanche, interrogée le 18 avril, ne semble pas avoir noté que « nous sommes en guerre » n’a été qu’une parenthèse dans la communication présidentielle[10].

Un registre pas si martial

Le thème de la guerre chez Emmanuel Macron n’est pas seulement limité à la période du 16 mars au 25 mars, il est aussi étroitement cantonné. L’adresse du 16 mars elle-même ne lui accorde pas d’autre place que ses « nous sommes en guerre » métaphoriques, édulcorés d’ailleurs par cet avertissement initial : « nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation ». On ne distingue rien de guerrier dans les conseils du président : « écoutons les soignants, qui nous disent : si vous voulez nous aider, il faut rester chez vous et limiter les contacts. C'est le plus important. » Ou encore : « Lisez, retrouvez aussi ce sens de l'essentiel. Je pense que c'est important dans les moments que nous vivons. La culture, l'éducation, le sens des choses est important. »

Il est étonnant que ceux qui distinguent un « registre martial » dans les propos d’Emmanuel Macron ne leur aient pas appliqué une démarche lexicographique. Ils auraient constaté que si « guerre » figure sept fois parmi les 2 621 mots de l’adresse du 16 mars, on y trouve aussi sept « virus », six « sanitaire(s) » et cinq « scientifique », le mot le plus fréquent, huit occurrences, étant… « soignants ».

Réflexe pavlovien

Il est donc clair que « nous sommes en guerre » n’est pas chez Emmanuel Macron l’indice révélateur d’un tropisme césarien ou « clemencien » mais une simple astuce publicitaire : il a parlé haut pour faire entendre son message. Les Français ne paraissent pas en avoir été autrement émus ; les nombreux sondages publiés ces dernières semaines n’en ont rien montré, en tout cas. « L’exode parisien » ne dénote pas une panique à l’approche d’un ennemi sanguinaire mais un désir de passer un confinement aussi confortable que possible (à la guerre comme à la guerre…). Ce souci pragmatique démontre l’échec de la métaphore plutôt que sa réussite.

Elle a pourtant réussi, si l’on peut dire, auprès d’un sous-groupe restreint de la population française. « Nous sommes en guerre » a fonctionné comme une petite phrase (ou au minimum une « formule », dans le vocabulaire d'Alice Krieg-Planque) auprès d’un microcosme intellectuel chez qui le mot « guerre » déclenche apparemment une sorte de réflexe pavlovien.

Michel Le Séac’h




[1] Philippe Lemoine et Yves-Marie Robin, « Entretien exclusif. Nicolas Hulot sur le réchauffement climatique : ‘Mobilisons-nous’ », Ouest France, 30 juin 2019.
[2] « Le Maire : ‘Nous sommes en guerre contre les marchés financiers' », L’Obs, 13 novembre 2011.
[3] Paul Ricœur, La Métaphore vive, Paris, 1975, Le Seuil,
[4] David A. Bell, « ‘La guerre au virus’, le passé d’une métaphore », legrandcontinent.eu.fr, 7 avril 2020.
[5] Claire Conruyt « ‘Guerre’, ‘ennemi’, ‘première ligne’... Le vocabulaire d’Emmanuel Macron est-il pertinent face au coronavirus ? », Le Figaro, 26 mars 2020.
[6] Cécile Alduy, interrogée par Laure Bretton, « Métaphore de Macron sur la guerre : ‘Cela exonère le pouvoir de ses responsabilités’ », Libération, 30 mars 2020.
[7] Gaidz Minassian, « Covid-19, ce que cache la rhétorique guerrière », Le Monde, 8 avril 2020.
[8] Serge Schweitzer, « ‘Nous sommes en guerre’ : une faute de communication », contrepoints.org, 27 mars 2020.
[9] Lea Ouzan, « Emmanuel Macron est ‘redescendu sur terre’ : Jupiter, c’est fini ? », Gala, 24 avril 2020.
[10] Rebecca Fitoussi, « Cécile Alduy : ‘Notre langage est une manière de surmonter l’incertitude et l’angoisse que provoque l’épidémie’ », Public Sénat, 18 avril 2020.

13 novembre 2017

Ce qu’ils disent vraiment, de Cécile Alduy (et ce qu’elle n’écrit pas vraiment)

Avant de commenter Ce qu’ils disent vraiment – les politiques pris aux mots, de Cécile Alduy, j’ai longuement tergiversé. Cet ouvrage paru au début de l’année et appuyé sur une grosse base de données de 1.300 textes politiques a été accueilli par des louanges à peu près unanimes. Pouvais-je décemment me montrer plus critique ? Car du point de vue qui m’intéresse, celui des petites phrases, le livre s’avère décevant.

Sauf omission, la locution « petite phrase » y figure quatre fois. Il n’ignore donc pas la catégorie mais lui accorde peu de place. Quatre fois en 400 pages : y a-t-il vraiment si peu de petites phrases dans ce que les politiques disent « vraiment » ? De plus, ces quatre occurrences donnent lieu systématiquement à des commentaires dépréciatifs :

  • Pour clarifier les enjeux et les termes du débat, il convient de dégager, derrière l’écume des petites phrases reprises par les journalistes, les structures profondes et la vision du monde et de la société française des principales figures qui façonnent le débat politique. (p. 17)
  • Ce livre […] entend éclairer [les campagnes électorales] en mettant au jour la logique profonde et les tendances lourdes de la paroles politique de ces dernières années, au delà des « coups de com’ » et petites phrases de campagne. (p. 20)
  • En lissant polémiques éphémères et variables contextuelles, cette étude entend dépasser l’écume des petites phrases médiatiques pour faire émerger les lames de fond qui ont traversé le champ politique français. (p. 21)
  • En fait, François Fillon est un identitaire calme : il a exactement les mêmes positions que Nicolas Sarkozy sur l’assimilation, sur la politique migratoire [...] mais il n’en fait ni une obsession, ni une priorité, ni un prétexte à petites phrases pour créer du « buzz » médiatique. » (p. 197)
Les petites phrases font une cinquième apparition sur la quatrième de couverture, reprise par les sites web de plusieurs libraires dont Amazon : « Cette enquête sémantique, stylistique et rhétorique dévoile derrière l’écume des petites phrases la structure profonde de la vision du monde des politiques. » La cause est donc entendue : si elles font bien partie du discours politique, les petites phrases ne sont qu’écume que le vent emporte. Délégitimées d’emblée, elles ne sont à aucun moment étudiées en tant que telles. Cécile Alduy ne précise même pas ce qu’elle entend par « petites phrases ».

Pour ma part, je me réfère volontiers à cette définition de l’Académie française : « Formule concise qui sous des dehors anodins vise à marquer les esprits ». Marquer les esprits, n’est-ce pas le but même du discours politique ? Et certains propos y parviennent. Qu’ont vraiment dit François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande ? Posée aujourd’hui à des électeurs moyens, une telle question ramènerait sans doute beaucoup de « laisser du temps au temps », d’« abracadabrantesque »(1), de « travailler plus pour gagner plus »(2), de « ça va mieux ». À ce compte-là, il serait à peine exagéré de dire que l’écume, ce serait plutôt tout ce qui n’est pas petite phrase !

Cécile Alduy n’est pourtant pas passée loin. Car si son travail a pour étendard une grosse base de données, elle voit bien qu’un comptage automatique des mots utilisés par les politiques n’est pas très instructif et que l’intérêt de son livre réside en réalité dans ce qu’elle appelle « une analyse discursive et littéraire fine », c’est-à-dire en fin de compte un commentaire de texte à l’ancienne – un peu convenu quelquefois, mais toujours avec élégance : la cafétéria de Stanford n’est pas le Café du Commerce. Le fait, par exemple, que le mot « liberté » soit le 12ème le plus employé par François Fillon, le 16ème par Marine Le Pen, le 40ème par Alain Juppé, le 51ème par François Hollande et le 199ème par Jean-Luc Mélenchon n’apprend pas grand chose en soi – sauf peut-être en ce qui concerne le dernier, mais Cécile Alduy, qui ne cache pas son admiration pour lui, conteste vivement qu’il éprouve « un penchant pour l’autoritarisme ».

Ce que le « ça va mieux » de François Hollande dit vraiment

À titre d’exemple de la rencontre ratée de justesse entre Cécile Alduy et les petites phrases, prenons le « ça va mieux » de François Hollande. Cette formule d’aspect anodin a marqué les esprits. Europe 1, Les Échos, Libération ou L’Obs, entre autre, l’ont explicitement qualifiée de « petite phrase ». Bien entendu, elle vole sous le seuil de détection des logiciels. Elle ne figure pas, et pour cause, dans la liste des substantifs les plus fréquents chez le candidat et le président Hollande (p. 256 du livre). Cécile Alduy s’est néanmoins penchée sur ce « ça va mieux » : « il ne pouvait que heurter de plein fouet le ressenti de nombreux Français », estime-t-elle. « Au lieu de prendre le pouls de la France, le président lui impose un ressenti qui n’est justement pas le sien au quotidien » (p. 252). Il « ne parle plus la langue de la gauche, ni celle de ses concitoyens » (p. 253). Autrement dit, « il n’est plus des nôtres », il est devenu un étranger. Il n’a pas été « pris aux mots », au contraire : ses mots n’ont pas pris.

Un autre pas de deux inachevé concerne François Fillon et sa célèbre question rhétorique : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? ». Là encore, chez BFM TV, Marianne, Ouest France ou Le JDD, des commentateurs y ont vu explicitement une petite phrase, parfois qualifiée d’« assassine »  c’est dire quelle puissance on lui attribue. Cécile Alduy lui accorde de l'importance puisqu'elle la cite à trois reprises, p. 38, 56 et 192 de son livre (en trois versions et à deux dates différentes, mais là n'est pas l’important). Elle la présente chaque fois comme une attaque contre Nicolas Sarkozy, rejoignant ainsi la quasi-totalité des commentateurs. Or Nicolas Sarkozy n’est pas nommé dans cette phrase, ni autour d’elle. Ce que François Fillon a « vraiment » dit n’est pas ce qu’il a dit ! Les auditeurs ne l’ont pas « pris aux mots », ils l'ont pris aux sous-entendus. Il serait difficile de ne pas considérer cette sortie comme une petite phrase. Difficile aussi de soutenir qu'elle n'a été qu'une écume sans influence sur la campagne électorale. Il est vrai que Cécile Alduy n’a assisté qu’à la moitié de l’histoire : son livre est paru quelques jours avant que la mise en examen de François Fillon ne transforme la petite phrase assassine en petite phrase suicidaire.

Des sciences du langage aux sciences politiques

Dès l’introduction de son livre, Cécile Alduy fait une analyse du mot « burkini » qui contient des indices sur le fonctionnement des petites phrases. « Un mot, en politique, est toujours plus que ce qu’il dénote : il ‘signifie’ bien plus que la chose qu’il désigne », écrit-elle. Que signifie le mot burkini ? « Maillot de bain couvrant l’ensemble du corps et les cheveux », répond-elle. Non, cela, c’est justement « la chose qu’il désigne ». En réalité, concède-t-elle quelques lignes plus bas, il signifie « la présence et la visibilité de l’islam en France ». Le néologisme burkini, formé sur deux mots anodins, bikini et burqa, marque les esprits. Même prononcé seul, il peut avoir du sens. Tout comme le mot « détail », anodin parmi les anodins, signifie peu de choses isolément mais beaucoup plus quand on le rapproche de Jean-Marie Le Pen : il devient alors l’abréviation d’une petite phrase. Dans la bouche d’un homme politique, un seul « burkini » signifie probablement plus que mille « démocratie », mille « laïcité » ou mille « peuple », ce que les logiciels lexicographiques ne verront pas.

En définitive, une petite phrase est rarement détectable à l’état brut dans les mots des politiques, ne serait-ce que parce qu’elle est souvent involontaire. Elle ne marque les esprits qu’à partir du moment où elle est repérée comme telle et reprise par la presse et les médias sociaux. Répétée, elle est mémorisée. Il ne s’agit plus alors seulement de ce que les politique « disent vraiment » mais de ce qui en est compris et retenu (qui s’écarte souvent de ce qui a réellement été dit). Et c’est bien l’important dans un contexte de campagne électorale. Isolément, les sciences du langage sont myopes ; elles ne deviennent clairvoyantes qu’à partir du moment où elles donnent la main aux sciences politiques.

Michel Le Séac’h

Ce qu’ils disent vraiment – les politiques pris aux mots, de Cécile Alduy, Paris, Seuil, 2017. ISBN 978-2-02-131016-0. 400 pages, 21 €. Disponible en version numérique.
____________________
(1) Voir Michel Le Séac'h, La Petite phrase, Paris, Eyrolles, 2015, p. 83.
(2) Idem, p. 66.