On le voit avec la « fuite d’eau » de Nicolas Sarkozy, une petite phrase pas dite mais entendue quand même et qui n'est probablement pas le fruit du hasard. Ce qui a été propagé par les médias et le web et retenu par le public n’est pas ce qu’il a dit mais ce qu’on attendait qu’il dît. Sa formule médisante à l’égard de la Commission européenne a été perçue comme méprisante pour les immigrés. À défaut d’être exacte, la « fuite d’eau » était plausible. Ne rappelait-elle pas certain « Kärcher » ?
« La gauche aimerait réussir une opération de "diabolisation" de l'ancien président », estime Guillaume Tabard dans Le Figaro. C’est pourquoi François Hollande se serait emparé de l’affaire, invitant Nicolas Sarkozy à la « maîtrise ». Mais si la version diffusée était plausible, c’est parce qu’elle s’accordait avec l’image de l’ancien président auprès d’une partie du public. La diabolisation est déjà là ! Il ne s’agit plus de la « réussir », simplement de l’entretenir et de l'exploiter.
Nicolas Sarkozy le sait certainement. Il sait aussi que la dédiabolisation est une voie délicate : qui fait l’ange fait la bête. Mais pourquoi aller en rajouter avec une formule qui risquait de mal tourner – et qui, de fait, a mal tourné ? Le Malin se serait-il à ce point emparé de lui ? Plus probablement, il se dit que la majorité des électeurs, lassée de l’angélisme, est désormais prête à aller voir si l’enfer mérite sa mauvaise réputation.
Michel Le Séac'h
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