Parmi ses prédécesseurs, deux attirent spécialement l’attention. Le premier est l’historien Théodose Burette (1804-1847). Dans son Histoire de France depuis l'établissement des Francs dans la Gaule jusquʻen 1830, il écrit : « Ici vient le mot de Cambronne, trivialement héroïque, que l’on a traduit par "La garde meurt et ne se rend pas ! " » Mais quelques lignes plus haut, il écrit aussi : « Enfin, s’écrie Napoléon, voilà Grouchy ! La victoire est à nous ! » C’était Blücher avec ses quatre-vingt mille prussiens ». Ce qui évoque plus qu’un peu le vers fameux des Châtiments : « Soudain, joyeux, il dit : Grouchy ! C’était Blücher. » On soupçonne donc Victor Hugo d’avoir lu avec profit la relation de la bataille de Waterloo par Burette. Lequel, disparu six ans avant la parution des Châtiments, ne risquait pas de lui faire des reproches !
Avec Cambronne, Hugo s'est-il vengé de Chateaubriand plus que de Wellington ? |
Et d’insister lourdement : « Sachez que ce fameux mot est tout juste le pendant du mot de Cambronne à Waterloo, c'est-à-dire qu'il n'a jamais été ni prononcé, ni écrit par celui auquel on l'attribue » ! Victor Hugo en a sûrement été piqué au vif. N'est-il pas tentant de se dire que son apologie du mot de Cambronne, vingt ans plus tard, était aussi une sorte de coup de pied de l'âne envers Loménie ?
Michel Le Séac'h
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* Galerie des contemporains illustres, 12ème livraison, supplément à la 3e édition, Paris, A. René et Cie, p. 34.
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