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02 septembre 2016

Petites phrases et politique-fiction : Philippulus fait parler les présidentiables

Les petites phrases ont leur place dans la politique-fiction. Tout au long du mois d’août, Philippulus a imaginé dans Le Figaro les premiers jours du prochain président de la République. En plusieurs versions, selon l’identité de l’élu de 2017. L’auteur n’en est pas à son coup d’essai. Il connaît sur le bout du doigt les milieux politiques. Il sait que les petites phrases sont un excellent moyen de renvoyer succinctement à une situation de référence à l’instar d’une image, une petite phrase vaut mille mots. Et ses spéculations présidentielles sont truffées de petites phrases, à commencer par le titre même de la série, « Eux présidents », dans lequel chacun reconnaît le « snowclone » d’une fameuse anaphore de François Hollande.

Au moins une autre forme de snowclone apparaît dans « Eux présidents ». Dominique de Villepin, usant d’un suffixe célèbre[1], écrit au nouveau président : « si le divin Arthur était toujours parmi nous, il écrirait que toute cela est époustouflantesque ! » Nommée premier ministre, Valérie Pécresse invoque une réplique culte d’un film de Michel Audiard : « on va leur faire comprendre qui c’est, Raoul ! ».

Car Philippulus ne fait pas toujours dans la dentelle. Dès son premier scénario, celui de l’élection de Marine Le Pen, il rappelle la « forte phrase » de Jacques Chirac à propos de Margaret Thatcher : « Qu’est-ce qu’elle veut encore, cette ménagère, mes couilles sur un plateau ? ». Une fois élu, son Bruno Le Maire invoque des formules gaullistes : « Le quarteron. Le ‘Hélas, Hélas, Hélas !’, puis le ‘J’ai besoin de vous’. » Bernard Cazeneuve festoyant à La Lanterne avec Valls à peine élu, cite Mitterrand : « Le centre n’est ni de gauche… ni de gauche ! »

Évidemment, Philippulus ne se contente pas de citations. Imaginant les déclarations à venir du personnel politique, il s’en donne à cœur joie. Quelques exemples :
  • Jean-Louis Borloo : « les bourgeois bohèmes sont au mieux des niais, au pire de sinistres cons ».
  • Montebourg : « mon ennemi a un visage et il porte des lunettes. Mon ennemi, c’est François Hollande ».
  • Valls : « Allons-y pour le grand charivari ! »
  • Bruno Le Maire : « Nicolas qui, dites-vous ? »
Et François Hollande ? Philippulus ne paraît pas le tenir pas en haute estime. À défaut de petite phrase, il lui attribue une « petite blague », ce qui n’est pas du tout la même chose, adressée à un Montebourg élu : « Toi qui n’aimes pas les Allemands, j’espère que tu ne vas pas bombarder Berlin ». Il le fait s’auto-caricaturer, aussi, dans un discours de non-candidature « en se lançant dans une interminable anaphore qui le vit répéter vingt-cinq fois ‘Moi plus président…’ ». Certes, quand le président battu doit laisser sa place à Marine Le Pen, il demande à son « amie de cœur » : « penses-tu que je doive préparer une phrase historique pour bien marquer l'énormité du moment ? ». Mais cette question ne vient qu’en second, après « À ton avis, comment dois-je m'habiller ? »



[1] Voir « Abracadabrantesque » in Michel Le Séac’h, La Petite phrase, Paris, Eyrolles 2015.

05 décembre 2015

100 expressions héritées de l’histoire

Ce petit guide du Figaro Littéraire rappelle les origines de cent locutions ou expressions « vieilles comme Hérode ou un peu plus récentes ». Pas mal d’entre elles sont de simples adjectifs comme « caudines », « draconiennes », « gordien » ou « sardonique ». Quelques-unes sont des « petites phrases » : elles résument implicitement des récits complexes à l’intention de personnes partageant une même culture.

J’ai d’ailleurs analysé certaines de ces petites phrases dans mon livre. C’est le cas de « Malheur aux vaincus », « Souviens-toi du vase de Soissons » ou « Ralliez-vous à mon panache blanc ».
On pourrait chicaner l’ouvrage sur quelques points. Ainsi, la locution « roche Tarpéienne » est antérieure à l’exécution de Marcus Manlius évoquée p. 9, tandis que la petite phrase « il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne » est bien postérieure. « Après nous le déluge » n’est certainement pas une création de la Pompadour. Et « la garde meurt mais ne se rend pas » n’est probablement pas de Cambronne (le livre, il est vrai, indique que la citation lui est « attribuée »).

Mais ce petit livre au format 16x16 n’a pas la prétention d’entrer dans les détails. Agréablement présenté, c’est une introduction simple et distrayante à des expressions répandues qui demeurent parfois mystérieuses.
100 expressions héritées de l’histoire, par Mélanie Mettra, préface d’Étienne de Montety, Paris, Le Figaro éditions, 2015, 160 pages, 9,90 €.