Les petites phrases ont leur place dans la
politique-fiction. Tout au long du mois d’août, Philippulus
a imaginé dans Le Figaro les premiers jours du prochain président de la
République. En plusieurs versions, selon l’identité de l’élu de 2017.
L’auteur n’en est pas à son coup d’essai. Il connaît sur le bout du doigt les
milieux politiques. Il sait que les petites phrases sont un excellent moyen de renvoyer succinctement à une situation de référence ‑ à l’instar d’une
image, une petite phrase vaut mille mots. Et ses spéculations présidentielles
sont truffées de petites phrases, à commencer par le titre même de la série, « Eux
présidents », dans lequel chacun reconnaît le « snowclone »
d’une fameuse anaphore de François Hollande.
Au moins une autre forme de snowclone apparaît dans « Eux
présidents ». Dominique de Villepin, usant d’un suffixe célèbre[1],
écrit au nouveau président : « si le divin Arthur était toujours
parmi nous, il écrirait que toute cela est époustouflantesque ! » Nommée
premier ministre, Valérie Pécresse invoque une réplique culte d’un film de
Michel Audiard : « on va leur faire comprendre qui c’est,
Raoul ! ».
Car Philippulus ne fait pas toujours dans la dentelle. Dès
son premier scénario, celui de l’élection de Marine Le Pen, il rappelle la « forte
phrase » de Jacques Chirac à propos de Margaret Thatcher : « Qu’est-ce
qu’elle veut encore, cette ménagère, mes couilles sur un plateau ? ».
Une fois élu, son Bruno Le Maire invoque des formules gaullistes : « Le
quarteron. Le ‘Hélas, Hélas, Hélas !’, puis le ‘J’ai besoin de
vous’. » Bernard Cazeneuve festoyant à La Lanterne avec Valls à peine
élu, cite Mitterrand : « Le centre n’est ni de gauche… ni de
gauche ! »
Évidemment, Philippulus ne se contente pas de citations.
Imaginant les déclarations à venir du personnel politique, il s’en donne à cœur
joie. Quelques exemples :
- Jean-Louis Borloo : « les bourgeois bohèmes sont au mieux des niais, au pire de sinistres cons ».
- Montebourg : « mon ennemi a un visage et il porte des lunettes. Mon ennemi, c’est François Hollande ».
- Valls :
« Allons-y pour le grand charivari ! »
- Bruno
Le Maire : « Nicolas qui, dites-vous ? »