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22 novembre 2021

Jean-Christophe Lagarde : « si Monsieur Pasqua était là, il te filerait une balle dans la tête » (PPDM)

PPDM* qualifiée par : actu.fr, 22 novembre 2021

« La petite phrase a rapidement fait polémique », relate Dorine Goth. Il y a de quoi. En direct au micro de France Info, Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI a déclaré : « Se foutre du monde au point de dire ‘je suis un RPR’, Monsieur Zemmour, si Monsieur Pasqua était là, il te filerait une balle dans la tête ».

Ce n’est pas la première sortie labellisée « petite phrase » du leader centriste. En juillet dernier, il s’était fait remarquer par cette déclaration qualifiée de petite phrase par LCI : « Celui qui n'est pas vacciné contre le COVID, qui est hospitalisé en réanimation, c'est quand même tout le monde qui paie. Il faudra se poser la question : est-ce qu'on doit payer la réa à quelqu'un qui a refusé de se protéger ? » En 2017, le jury « Press Club humour et politique » l’avait qualifié pour : « La moitié de nos électeurs sont passés chez Macron et je crois que l'autre est déjà en marche ».

Cette fois, Jean-Christophe Lagarde s’est empressé d’avouer une formule « inappropriée », en assurant avoir « seulement paraphrasé » une phrase de Charles Pasqua. Celui-ci n'est plus là pour donner son avis. En 2014, quelques mois avant sa mort, il avait déclaré : « Tenir le genre de propos comme Zemmour devant nous, je ne sais pas dans quel état il serait ressorti ». Ce qui est tout de même assez loin de la balle dans la tête…

Jean-Christophe Lagarde avait brièvement été gardé à vue en mars dernier pour détention d’armes. Il assurait alors pratiquer le tir sportif. Novice en matière d'armement, Éric Zemmour n'en semble pas alarmé. « Je te laisse à ta juste place politique : au centre du néant », a-t-il répondu.

M.L.S.

* PPDM : petite phrase du moment. En période pré-électorale, les petites phrases à espérance de vie limitée se multiplient. Cette leur rubrique est consacrée. Elle est destinée à des déclarations qualifiées de « petite phrase » par au moins un média important.

06 décembre 2015

« Voter FN, c’est voter Daech » : la mécanique délicate de la diabolisation

« Petite phrase et grosse polémique », titrait Jérémy Chevreuil dans le blog politique de France 3 Régions Franche Comté mercredi dernier. En cause, une déclaration du sénateur socialiste François Patriat, président du conseil régional de Bourgogne. Cette phrase, « voter FN c’est voter Daech », avait été prononcée quelques jours plus tôt à Besançon, lors d’une réunion publique en faveur de la liste du PS aux élections régionales. Elle avait aussitôt été reprise en titre par L’Est républicain. « Je fais un amalgame un peu en raccourci, je l’avoue », a plus tard admis M. Patriat sur Public Sénat, tout en réitérant sa formule.

Le sénateur socialiste n’est pas seul à faire cet amalgame. Dans les jours suivants, plusieurs responsables politiques de premier plan engagés dans la campagne des régionales reprennent le même thème.
  • Il s’agit d’abord de Gérard Darmanin (Les Républicains), directeur de campagne de Xavier Bertrand dans la région Nord-Pas-de-Calais, qui déclare à Ludovic Vigogne, de L’Opinion : « La seule chose qui peut faire gagner Marine Le Pen, c’est un attentat 48 heures avant. C’est la candidate de Daech. » (Cette déclaration daterait du 30 septembre, mais L’Opinion ne l’a publiée que le 30 novembre.)
  • À droite toujours, mais au Sud cette fois, Christian Estrosi, candidat Les Républicains en PACA, s’exprime ainsi dans une interview au Point recueillie par Jérôme Cordelier : « Daech a réussi son opération puisqu'il est devenu l'agent électoral du FN ». L’article publié par le magazine le 2 décembre est intitulé : « Christian Estrosi : "Daesch est l’agent électoral du FN" ».
  • Soutien de Christian Estrosi dans sa campagne régionale, Mourad Boudjellal, président du RC Toulon reprend pratiquement la même formule que François Patriat. L’AFP en fait le titre d’un article repris par plusieurs journaux le 2 décembre: « Pour Mourad Boudjellal, "Voter FN, c’est aussi voter Daech" ».
  • Au centre enfin, le thème est repris par Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI et député-maire de Drancy. Interviewé par Jean-François Achilli sur France Info, il déclare le 30 novembre que le vote Front national « va donner un boulevard à Daech ». « Lagarde : "Daech bénéficiaire du Front national" » titre France Info sur son site web.
Une telle convergence intrigue. Les grands esprits se rencontrent, bien sûr, mais ne se rencontrent-ils pas encore plus sûrement s’ils se sont donné rendez-vous ? Le Front national a traîné comme un boulet pendant vingt-cinq ans une petite phrase prononcée par Jean-Marie Le Pen en 1987 : « Les chambres à gaz sont un détail »*. Beaucoup aimeraient sans doute lui trouver une remplaçante. Daech pouvait-il être une opportunité ? « Marion Maréchal Le Pen l’a dit elle-même, la campagne du Front national est dynamisée par les attentats »**, explique François Patriat.

La formule de ce dernier, « Voter FN, c’est voter Daech », pourrait faire une petite phrase assez efficace grâce à sa simplicité, à sa forme déclarative, à sa répétition interne (« voter ») et aux préoccupations actuelles de l’opinion. Qu’elle puisse devenir un vecteur de diabolisation, c’est plus douteux. Elle est trop éloignée de la déclaration réelle de la responsable FN pour qu'on la lui réattribue, mais surtout il est peu probable que le public la considère comme plausible. Dès lors, ses chances d’être pérennisée par l’opinion paraissent très faibles.

Michel Le Séac'h
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** Le Parisien a publié le 25 novembre une interview de la candidate du FN en PACA par Olivier Beaumont. À la question : « Le FN progresse dans tous les sondages. Y voyez-vous un lien avec les attentats ? », elle répondait : « La dynamique était déjà très forte pour nous avant les attentats. Mais il est vrai qu’elle est amplifiée par ce terrible contexte. »

Marion Maréchal Le Pen en 2012, photo Gauthier Bouchet, licence CC BY-SA 3.0, Wikipedia