« Marie-France Garaud laisse derrière elle un héritage politique marqué par le souverainisme, mais également quelques petites phrases bien senties qui sont rentrées dans la légende » écrit Antoine Margueritte dans Marianne. Ces « petites phrases bien senties » font exception : les propos retentissants de Marie-France Garaud, disparue jeudi dernier, ne sont presque jamais qualifiés de « petite phrase »[1].
A priori, c’est surprenant. Marie-France Garaud avait la dent dure, voire « le curare facile » (dixit Philippe de Villiers[2] aux côtés de qui elle se présenta à l’élection européenne de 1999), et a laissé quelques jugements radicaux. Le plus célèbre est sûrement celui-ci : « Je pensais que Jacques Chirac était du marbre dont on fait les statues, il est en fait de la faïence dont on fait les bidets ».
Elle avait la réputation, qu’elle contribuait à propager, d’avoir « fait » Jacques Chirac à ses débuts mais finit par le regretter quand il la limoge en 1979. « Jacques Chirac ment tellement qu’on ne peut même pas croire le contraire de ce qu’il dit », assure-t-elle aussi. Des années plus tard, elle élargit sa cible : « Mitterrand a détruit la Ve République par orgueil, Valéry Giscard d'Estaing par vanité et Jacques Chirac par inadvertance. »
Marie-France
Garaud ne lésinait pas sur les mots quand elle jugeait le personnel politique |
La question n’est pas de savoir s’il s’agit de « petites phrases ». La locution ne répond à aucune définition normalisée. Elle est appliquée par les médias à des déclarations remarquables. Mais justement, pourquoi ne vient-elle pas spontanément sous la plume pour décrire les sorties de Marie-France Garaud ? Les journalistes parlent plutôt de « coups d’éclat médiatiques », de « verve sarcastique », de « formule mémorable »…
Michel Le Séac’h
[1] Une autre exception : « "Vous serez une
pendule entre deux candélabres", glisse à Chirac une MFG acide et furieuse
quand elle apprend, début 1976, que Michel Poniatowski et Jean Lecanuet vont
être nommés ministres d'Etat. Cette petite phrase, dont elle est très satisfaite,
circulera dans Paris. » ‑ Patrice Duhamel, Jacques Santamaria, Les
flingueurs, Plon, 2014.
[2] Dans l’émission « Face à Philippe de Villiers »,
sur CNews, le 24 mai 2024.
[3] Voir Hortense de Montalivet, « Qui était
Marie-France Garaud, “la femme la plus puissante de la 5e République”? »,
Huffington Post, 3 septembre 2021, https://www.huffingtonpost.fr/politique/video/qui-etait-marie-france-garaud-la-femme-la-plus-puissante-de-la-5e-republique_178085.html
[4] Cité par Sabrina Tricaud, « Marie-France Garaud :
"une volonté pour la France" », Histoire@Politique, 44, 2021, https://journals.openedition.org/histoirepolitique/1002
[5] Olivier Faye, La Conseillère, Fayard, 2021.
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