Une dinde peut aimer un putois pourvu qu’il fasse « tchip-tchip », note Robert Cialdini dans les premières pages d’Influence
et manipulation*. La dinde est une mère dévouée envers ses petits, elle les
nourrit, les réchauffe, les protège. Or « tous ces soins maternels se
déclenchent sous l’effet d’une seule chose : le ‘tchip-tchip’ émis par les
poussins dindonneaux ». Malheur au poussin muet : sa mère le
délaisse. Inversement, tout ce qui fait « tchip-tchip » est un
poussin pour la dinde.Celle-ci n’a pas le choix : le piaillement déclenche chez elle les soins maternels, c’est inscrit dans ses gènes. Bien entendu, ce genre de phénomène n’est pas propre à la dinde : il existe chez un grand nombre d’espèces, comme l’ont montré depuis longtemps Konrad Lorenz et ses collègues éthologues. Certains sons déclenchent certaines séquences de comportement.
Et chez l’homme, animal programmable, tel est bien le but de
certains dictons, slogans, préceptes, commandements et autres petites phrases.
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* Robert Cialdini, Influence et manipulation, Paris, First, 2004. Édition Pocket, 2014, p. 16-17.
Photo Jamain, Wikimedia Commons, CC-BY-SA-3.0,2.5,2.0,1.0
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