On définira mieux le snowclone comme « une figure de style qui consiste à réutiliser une expression ou phrase très connue par mutation d’un ou plusieurs de ses éléments caractéristiques de manière à ce que le sens de l’expression ou phrase d’origine s’applique, au moins métaphoriquement, aux éléments mutés ». Cela paraît compliqué ? Quelques exemples seront plus éloquents !
- « Vous n’avez pas le monopole du cœur » a donné « vous n’avez pas le monopole des classes moyennes », « vous n’avez pas le monopole de l’immigration », etc.
- « Et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne » a donné « et à la fin c’est Blatter qui gagne », « et à la fin c’est Hollande qui gagne », etc.
- « Casse-toi pauv’ con » a donné « casse-toi pauv’ compétent », « casse-toi pauv’ riche », etc.
En tout état de cause, il n’y a snowclone que si la phrase-modèle s’est imposée au point d’être reconnaissable immédiatement dans l’imitation. Ce critère de spontanéité rappelle évidemment la petite phrase : on la reconnaît sans peine. Si l’on entend ses premiers mots, le Système 1 du cerveau* la complète automatiquement. L’apparition d’imitations signale donc que le modèle s’est inscrit dans l’esprit du public. Le snowclone est ainsi la preuve concrète du succès de la petite phrase, son bâton de maréchal**.
Michel Le Séac'h
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* Voir Daniel Kahneman, Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée, Flammarion, 2012, p. 29.
** Voir Michel Le Séac’h, La petite phrase : D'où vient-elle ? Comment se propage-t-elle ? Quelle est sa portée réelle ?, Eyrolles, Paris 2015, p. 135.
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