Roger Cukierman savait-il où il allait en déclarant à Europe 1, le 23 février, que « toutes les violences [sous-entendu : antisémites], aujourd’hui, il faut dire les choses comme elles sont, sont commises par des jeunes musulmans » ?
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a une certaine expérience de la petite phrase qui fait scandale. En 2002 déjà, il avait dit à un quotidien israélien que le score électoral de Jean-Marie Le Pen était « un message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles »(Libération du 23 avril 2002). Un peu plus tard, une autre petite phrase visant l’extrême-gauche antisioniste lui avait valu un procès pour injures ; il avait été relaxé.
Roger Cukierman s’exprimait le jour-même du dîner du CRIF, événement très médiatique qui réunit chaque année l’élite du monde politique, à commencer par le président de la République. Il ne pouvait ignorer que ses propos seraient largement répercutés. Sa formule énonciative sur un thème très prégnant dans l’opinion avait tous les atouts pour devenir une petite phrase. Et ça n’a pas manqué.
M. Cukierman a aussitôt glissé une formule d’apaisement : « Bien sûr, c’est une toute petite minorité de la communauté musulmane et les musulmans en sont les premières victimes ». Mais une petite phrase visant à en corriger une autre passe presque toujours inaperçue, et ça n’a pas manqué non plus. En fait, cette seconde phrase n’a été remarquée que par des commentateurs encore plus durs à l’égard de l’islam ; un collaborateur d’AgoraVox y a ainsi vu « une phrase autrement plus choquante mais qui n'a choqué personne, et qui démontre pourtant que le CRIF est totalement soumis à l'islam ».
Photo :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire