Sa consoeur Tara Parker-Pope est venue à son secours dans son blog du New York Times. Après avoir consulté des chercheurs en sciences cognitives – Elizabeth Loftus, Christopher Chabris, Steven J. Frenda –, elle avance une hypothèse : Brian Williams aurait été victime d’un « faux souvenir ».
« Les souvenirs ne persistent pas comme des événements uniques et complets dans un endroit précis du cerveau », explique-t-elle. « Ce sont en réalité des fragments d’information enregistrés dans différentes parties de notre esprit. Au fil du temps, quand nous recherchons nos souvenirs, ou quand nous voyons des émissions d’actualité à propos de l’événement ou que nous en parlons avec quelqu’un d’autre, le récit peut évoluer car l’esprit réagence ces morceux d’information et les stocke par erreur comme des souvenirs. Ce processus aboutit au fond à créer une nouvelle version de l’événement qui, pour celui que le raconte, donne l’impression d’être la vérité. »
Les petites phrases ne fonctionnent-elles pas comme ces « fragments d’information » ? Stockées dans un coin de notre cerveau, elles orientent notre compréhension des événements, quitte à déformer un peu ce que nous en retenons*. Et leur caractère culturel favorise la naissance de souvenirs collectifs, pas tout à fait exacts peut-être mais indispensables à une identité nationale.
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* Voir La Petite phrase, p.173.
Photo de Brian Williams : CC BY 3.0
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