J’ai noté dans « Une brève histoire des petites phrases »
(www.phrasitude.fr, 2 juin 2020) que l’emploi du syntagme « petite
phrase » s’est accéléré à partir du milieu des années 1960. Pour étayer
cette affirmation, voici une sélection de citations de la presse régionale de
l’Ouest, issue des archives du groupe Ouest-France :
M. Taine, par exemple, serait un
« réactionnaire », lui qui écrivait avec infiniment de raison cette
petite phrase que beaucoup de nos réformateurs feraient bien de méditer :
« La forme sociale et politique dans laquelle un peuple peut entrer et
rester n'est pas livrée à son arbitraire, mais déterminée par son caractère et
son passé ».
— L'Ouest-Éclair, 28 mars
1900 (Une)
M. Nail, quand il a renouvelé le
décret moratoire pour un trimestre, a laissé entendre que ce délai serait le
dernier. Là-dessus, l'organe officiel du parti unifié proteste et découvre
toute sa pensée en cette petite phrase : « M. Nail menace de presser
la solution de la question des loyers. » L'Humanité considère comme une
menace le fait de mettre à l'ordre du jour de la Chambre la discussion du
projet de loi.
— L'Ouest-Éclair, 15
janvier 1918 (Une)
Cette vérité très pénible pour
l'orgueil local (et on risque de le froisser mortellement en l'énonçant sans
précautions) a des chances d'être contenue dans une petite phrase placée au
beau milieu de l'étude en question. Elle se détache cruellement. Ayons le
courage viril de la transcrire : « Le port de Nantes apparaît donc
comme à refaire entièrement ».
— L'Ouest-Éclair, 12
janvier 1919 (p. 4)
Très rares étaient cette
après-midi, dans les couloirs de la Chambre et du Sénat, les hommes politiques
qui contestaient cette évidence. Quelques-uns, évidemment, jetaient bien, de
ci, de là, de petites phrases perfides, et des noms pris certainement au
hasard : Barlhou, Steeg, François Marsal, Louis Marin mais la conviction
manquait. M. Briand lui-même déclarait : « Cette crise est
absurde ! »
— L'Ouest-Éclair, 27 mars 1924 (Une)
« Et quand Mme la France se réveillera, toute nue,
dépouillée de tous ses biens, elle s'emportera contre les étrangers, oubliant
qu'elle est née jobard. » Et ma foi, ami lecteur, pour aujourd'hui, cette
dernière petite phrase nous servira de conclusion... Je la trouve très bien.
— L'Ouest-Éclair, 30
juillet 1926 (p. 2)
M Chamberlain sourit, évidemment
ému ; on le voit prononcer quelques petites phrases interrompues par des
silences brefs. M. Mussolini est tout sourires ; son visage rayonne de
joie et de satisfaction.
— L'Ouest-Éclair, 12
janvier 1939
Après un assez long
développement sur « la petite phrase » de la déclaration
P.C.-F.G.D.S. du 24 février, M. Pompidou aborde sa conclusion : « L
'important pour le Gouvernement, dit-il, est de ne céder en rien sur ce qui est
de ses attributions ».
— Presse Océan, 25 avril 1968 (p. 3)
Rarement une année sociale n'aura
été autant tributaire des événements politiques et davantage
personnalisée : dans les grandes options, on retrouve, face à face, deux
des principaux négociateurs de Grenelle, Georges Pompidou et Georges Séguy. Le
13 septembre, c'est la « petite phrase » devenue historique du
secrétaire général de la C.G.T. : « Le septennat du président pourrait être
de courte durée ».
— Ouest-France, 31 décembre 1969 (p. 2)
Pour le moment, la Pologne paraît
bien décidée à régler ses problèmes toute seule. Mais le pourra- t-elle ? Une
petite phrase prononcée jeudi soir par M. Cyrankiewicz a fait dresser
l'oreille : « Notre devoir, a dit le Premier Polonais, est de
défendre nos acquisitions par tous les moyens. »
— Ouest-France, 19 décembre 1970 (Une)
Il ne faut pas oublier que M.
Descamps, secrétaire général de la CFDT avait répondu par avance, en quelques
mots, à la « petite phrase » incendiaire dans le discours de rentrée
prononcé samedi matin par M. Georges Seguy, au Palais de la Mutualité.
— Presse Océan, 21 septembre 1970 (p. 3)
« Nous ferons en sorte
d'empêcher que personne ne puisse utiliser à des fins politiques personnelles
les positions que nous prendrons. C'est pourquoi toutes nos « petites
phrases » seront prononcées de telle sorte qu'elles montrent bien que la
C.G.T. s'attache à défendre les intérêts des travailleurs ». C'est ce qu'a
déclaré M. Georges Séguy à France-Inter.
— Presse Océan, 27 août 1970 (p. 3)
Par ces deux phrases, le
secrétaire général de la C.G.T. répondait particulièrement à l'allusion faites
par Roger Michaud, à ce qui fut appelé la petite phrase de M. Séguy, prononcée
lors de la précédente « rentrée sociale » il y a un an. M. Séguy
avait alors émis l'opinion que le septennat du Président de la République
pourrait être abrégé.
— Presse Océan, 27 août 1970 (p. 3)
Depuis une certaine « petite
phrase » qui visait M. Pompidou. M. Georges Séguy se méfie de l’interprétation
que l’on peut donner à ses propos.
— Ouest-France, 28 août 1970 (p. 4)
Une coopération entre l’Europe et
les U.S.A. ? Au cours de cette conférence de presse il était normal que
soit évoquée la petite phrase du président Nixon, visitant Concorde aux Açores
avant de regagner les U.S.A. :« J’aurais aimé que nous l’ayons
construit... »
— Ouest-France, 16 décembre 1971 (p. 3)
Une « petite phrase »
de M. Debré : « Pourquoi pas une coopération avec l'industrie
aéronautique soviétique »
— Ouest-France, 26 mai 1971 (Une)
« Le retour aux sources nous parait essentiel. » On aura
d'autant plus noté cette petite phrase de M. Hubert Germain qu'au cours de la
journée de consultations le président de l'amicale « Présence et action du
gaullisme »a été reçu à trois reprises différentes par M. Messmer. Cette
fidélité au message du général de Gaulle paraît bien avoir été le souci de M.
Pompidou en changeant d'équipe.
— Ouest-France, 7 juillet 1972 (p. 4)
Tout cela, M. Pompidou l'a résumé
dans une petite phrase :« L'Europe doit affirmer sa personnalité face aux
États-Unis. » Il s'attachera aujourd'hui, sans trop d'illusions, à faire
partager ce point de vue à son hôte.
— Ouest-France, 10 février 1972 (Une)
Or, voilà qu'une toute petite
phrase du communiqué du Conseil des Ministres jette à nouveau le doute. M.
Chaban-Delmas est, certes, autorisé à engager la responsabilité du
gouvernement, mais seulement « s'il le juge utile ».
— Ouest-France, 18 mai 1972 (Une)
La « petite phrase » du
président Nixon : « Nous allons mettre fin à la guerre sans trahir
nos alliés » IL A SUFFI D’UNE NOUVELLE PETITE PHRASE du président Nixon à
Los Angeles, au moment où son conseiller spécial, M. Kissinger, rentrait de
Paris après y être resté exceptionnellement 48 heures, pour que les bruits d’un
cessez-le-feu et même d’une paix imminente se multiplient.
— Ouest-France, 29 septembre 1972 (p. 4)
Le Premier ministre, en ce début
de session parlementaire, s'est montré particulièrement laconique. Quelques
mots d'encouragement à la majorité. Quelques mois d'avertissement à
l'opposition à propos des petites phrases de M. Séguy, et c'est tout.
— Ouest-France, 3 octobre 1973 (Une)
Avec l’incertitude de la
situation économique et monétaire, chacun est convaincu que l’on vit plus que
jamais sous le règne de l’imprévisible. Au cas où cela tournerait mal, la
« petite phrase » de Georges Séguy permettra de dire que la C.G.T. l’avait
annoncé.
— Ouest-France, 7 septembre 1973 (p. 4)
« Des éléments semblables à ceux qui précédèrent mai 1968
existent incontestablement dans la situation actuelle » déclare M. Séguy, dans
une interview accordée hier au « Monde », alors qu'on lui demandait
de préciser sa « petite phrase » du 6 septembre.
— Presse Océan, 14 septembre 1973 (p. 2)
L'illégalité, déjà au cœur des
débats sur le drame chilien, au centre des « petites phrases »
syndicales et politiques du moment, est le butoir réel des négociations
d'Arc-et-Senans.
— Ouest-France, 17 septembre 1973 (Une)
D'autres arguments militent en
faveur de la bonne entente franco-libyenne : on n'a pas oublié à Paris la
petite phrase du colonel Kadhafi « du pétrole contre des armes » et
l'on ne paraît pas hostile à l'idée de livrer à Tripoli de nouveaux armements.
— Ouest-France, 24 novembre 1973 (p. 3)
Il a suffi d'une petite phrase
sur le « régime des partis » et de quelques consignes judicieuses
pour que les choses rentrent apparemment dans l'ordre. Cependant, le problème
demeure.
— Ouest-France, 26 mai 1973 (p. 4)
Au gré des souhaits, des
conseils, et des petites phrases qu'il distille à l'occasion des
congratulations de la nouvelle année, le Président Pompidou s'efforce
visiblement de montrer qu'il tient toujours la barre.
— Presse Océan, 4 janvier 1974 (Une)
Il existe de sérieux freins à
l'application concrète de la politique d'une détente, les méfiances ne sont pas
balayées au niveau des dirigeants et les groupes de pression militaire ont
évidemment leur mot à dire. D'où cette petite phrase de M. Kissinger :
« Les deux parties doivent convaincre leurs chefs militaires des bénéfices
de la modération. Ce n'est pas une chose qui est naturelle aux militaires, de
part et d'autre. »
— Ouest-France, 4 juillet 1974 (p. 2)
« Quand on regarde notre histoire, on s'aperçoit que les
grandes périodes de développement de notre pays sont avant tout les périodes de
développement maritime. » Cette petite phrase prononcée hier matin, dans
les salons de l'aérodrome de Guipavas par M. Giscard d'Estaing, a mis un peu de
baume au cœur des élus de la communauté urbaine brestoise et de la presqu'île
de Crozon.
— Ouest-France, 8 novembre 1974 (p. 3)
Justifié ou non, ce sentiment que
la mobilisation syndicale ne constitue pas une menace politique réelle, malgré
la petite phrase de Michel Rocard posant hier le problème du remplacement du
pouvoir actuel, incite le gouvernement à maintenir toutes ses mises.
— Ouest-France, 19 novembre 1974 (Une)
L'indépendance nationale, aux
yeux de certains, parait dangereusement compromise, dès lors que l'on s'efforce
de sortir, à l'égard des États-Unis, de la politique de longue bouderie,
entrecoupée de petites phrases hargneuses.
— Presse Océan, 21 décembre 1974 (Une)
Décidément, les petites phrases
du secrétaire d'État aux P.T.T., M. Lelong, notamment celles qui concernent son
interrogation sur les revendications des travailleurs de son administration,
semblent rester dans la gorge.
— Ouest-France, 26 octobre 1974 (p. 8)
Michel Poniatowski vient de
démontrer (sans le vouloir) qu'il est malaisé et parfois scabreux de porter
trop de casquettes à la fois. En deux ou trois petites phrases lâchées devant
le micro d'un poste périphérique, il a réussi à ternir l'image libérale qu'il
s'était efforcé de donner de son personnage et de sa politique.
— Presse Océan, 7 février
1975 (Une)
Bien sûr, en relisant la petite
phrase présidentielle, on pourrait y déceler l'intention de M. Giscard
d'Estaing de ne pas attendre l'échéance normale (1978) pour organiser ces
élections.
— Ouest-France, 7 avril 1975 (Une)
« Les petites phrases rapportées par les journaux ne
correspondent à rien et ne mettent pas en cause notre amitié », a déclaré
M. Poniatowski samedi à Rouen.
— Ouest-France, 8 décembre 1975 (Une)
Le mal de l’histoire, c'est la
violence... Le grand problème politique est de transformer la violence
déchaînée en force motrice. » François-Régis HUTIN. LES « PETITES PHRASES DE
FRANÇOISE GIROUD Une mise au point, mais...
— Ouest-France, 17 juin 1975 (p. 4)
Les congressistes n'ont pas, au
milieu de leur surprise et de leur enthousiasme un peu douché, apprécié toute
l'importance qu'il faut attacher à une petite phrase de la péroraison du
discours de M. Chirac, « Je suis moralement responsable de l'avenir de
notre mouvement ».
— Presse Océan, 17 juin 1975 (p. 2)
Une petite phrase de Valéry
Giscard d'Estaing. prononcée hier, devant le monument aux morts de Kiev,
va-t-elle donner à son séjour en U.R.S.S. une nouvelle tournure ? Le
Président de la République a paru, en tout cas. vouloir réagir contre la
morosité générale en affirmant son « optimisme ».
— Ouest-France, 17 octobre 1975 (p. 3
L'un propose le dialogue et la
concertation à l'opposition tout entière, et l'autre, fidèle à l'antique
tactique consistant à diviser pour régner, lance à la cantonade contre les
communistes, les petites phrases dont le ministre d'État s'est fait une
spécialité, et dont il sait que si elles ne sont pas toujours jugées opportunes
à l'Élysée, elles sont appréciées de la partie droitière de son électorat.
— Presse Océan, 19
septembre 1975
Il comprendra douze membres :
quatre parlementaires, quatre personnalités qualifiées, quatre officiers et
sous-officiers. A propos de ces derniers, une petite phrase de M. Soufflet,
ministre de la Défense, a donné lieu à des spéculations :« Il y aura parmi
eux une personnalité qui vous étonnera ». Depuis, les paris sont engagés.
Le favori, un non-conformiste : le général Bigeard.
— Presse Océan, 20 janvier 1975 (p. 2)
La querelle était prévisible Une
« petite phrase » de M. Gaston Deferre vient de mettre le feu aux poudres. Le
député-maire de Marseille, en réponse à une prise de position de la fédération
communiste des Bouches-du-Rhône refusant le vote du budget municipal…
— Ouest-France, 29 octobre 1975 (p. 2)
Solitude et défi... « Le
gouvernement espagnol est totalement calme »... Cette petite phrase de
Fernando Suarez, le ministre espagnol du travail, fait étrangement penser au
tragique : « À Varsovie l’ordre règne ». Fernando Suarez passait
pourtant pour être l’un de ceux qui, au sein du gouvernement, n’approuvait pas
les exécutions capitales.
— Ouest-France, 30 septembre 1975 (p. 2)
M. Chinaud a prononcé, au cours
de sa conférence de presse, une petite phrase qui paraît désigner le futur
élu :« M. Dominati, a-t-il dit, est pour le moment président de la
Fédération de Paris ». Encore faut-il que ces nominations soient ratifiées
par le congrès.
— Ouest-France, 30 janvier 1975 (p. 4)
Giscard a très certainement voulu
donner le piquant du cactus à sa petite phrase. En tout cas, elle a traversé
l'Atlantique-Nord à une vitesse bien supérieure à celle du supersonique
franco-britannique.
— Ouest-France, 6 janvier 1976 (Une)
Nul doute. par conséquent. qu'en
prononçant ces petites phrases. M. Chirac n'ait fait allusion aux conditions
dans lesquelles M. d'Ornano avait été choisi pour briguer la mairie de Paris.
le printemps prochain.
— Journaux de Loire, 8 décembre
1976
La petite phrase prononcée de
façon aussi brutale qu'inattendue par M. François Ceyrac, risque tout à la fois
d'alourdir un climat social déjà chargé et de compromettre un peu plus la
réussite du plan Barre.
— Journaux de Loire, 24 novembre
1976 (p. 2)
Ferme réplique de Raymond BARRE
au patronat « La politique de la main-d’œuvre ne se ramène pas à l’examen
des possibilités de licenciements » Les deux petites phrases de
l'interview de François Ceyrac à Ouest-France, dans lesquelles la
président du C.N.P.F. demandait un soutien de l'économie et la liberté de
licencier pour les entreprises, continuent à faire du bruit.
— Ouest-France, 26
novembre 1976
C'EST LA SANS DOUTE le plan
« optimum » du président Carter. Il l'a formulé par « petites
phrases » successives en tenant compte des réactions d'opposition qui se
manifestaient au Congrès ou au sein du lobby pro-israélien.
— Ouest-France, 1er
août 1977
La méfiance règne car ils ont été
blessés par les attaques dont ils ont été maintes fois l'objet. Des petites
phrases visant les juges sont en effet parties naguère des rangs
gouvernementaux. Ils ne veulent plus que le Pouvoir porte atteinte à leur
crédit en leur faisant endosser les bavures policières.
— Presse Océan, 2 décembre 1977 (Une)
La réunion, mercredi, du comité
de liaison de la gauche et celle, jeudi, en présence exceptionnellement de
quarante journalistes, du Comité Central du Parti Communiste n'ont fait que le
confirmer. Plusieurs « petites phrases » de Georges Marchais jeudi et
de Charles Fiterman mercredi donnent la mesure de la détermination affichée par
le P.C.
— Presse Océan, 12
novembre 1977
Reste maintenant la polémique qui
a surgi entre le président de la République et le secrétaire général du P.C.
« On ne fait pas de politique avec des otages »: cette petite phrase
prononcée à la télévision par M. Giscard d’Estaing a suscité la colère du
leader communiste. « Lamentable et indigne du président de la
République ! » a-t-il dit hier.
— Ouest-France, 16 décembre 1977 (p. 3)
La petite phrase prononcée, hier,
par M. Sadate, à sa sortie de la mosquée, et dans laquelle il n'excluait pas
une prochaine visite au Caire de M. Begin dans les quinze jours a relancé les
enchères.
— Ouest-France, 17 décembre 1977 (p. 2)
Pierre Mauroy a d'ailleurs eu à
ce sujet une petite phrase sybilline qui a fait froncer quelques sourcils dans
la minorité comme chez les partenaires de la coalition de gauche :
« Un parti dominant n'est pas nécessairement majoritaire », a-t-il
expliqué.
— Ouest-France, 18 juin 1977 (p. 3)
Il s'agissait en fait de
concilier ces trois grandes priorités et « d'ajuster la part respective
qui leur sera donnée ». En attendant d'en savoir plus, il semble bien que
cette petite phrase contienne la clé du plan Barre.
— Ouest-France, 18 avril 1977 (Une)
Enfin, les Radicaux de Gauche se
contenteraient du compromis proposé par M. Mitterrand sur la « petite
phrase » (nationalisations « à la carte »). Le texte actualisé
du Programme Commun préciserait seulement que les nouvelles nationalisations
devront être réalisées « conformément à la constitution ».
— Presse Océan, 20 septembre 1977 (p. 2)
Une très longue attente pour les
journalistes bloqués au rez-de-chaussée du siège du P.C., tandis que les
discussions se poursuivaient à huis-clos au cinquième étage. Ils n'avaient pu que
noter cette petite phrase de Claude Estier :« Nul ne peut dire que le
P.S. ne veut pas de l’union de la gauche... ».
— Ouest-France, 23 septembre 1977 (p. 2)
C'est la réouverture de la chasse
aux « faux chômeurs ». Lancée hier en Alsace, par une petite phrase de M.
Raymond Barre (« S’il y a refus d’emploi, qu’on ne vienne plus ensuite se
présenter en demandeur »), accompagnée de curieux articles de presse
(« Des millionnaires touchent l’aide au chômage »), elle se
concrétisera au prochain conseil des ministres.
— Ouest-France, 25 août 1977 (p. 2)
Le rapport conclut en réclamant
un effort considérable à tous les pays du monde et spécialement à ceux de la
Communauté européenne. « Tout de suite. Car demain il sera trop tard. »
Cette petite phrase de la commission sénatoriale, Valéry Giscard d'Estaing
l’aura sans aucun doute en mémoire, ce matin, en arrivant à Portsall.
— Ouest-France, 3 août 1978 (p. 4)
Devant les deux chambres du
parlement brésilien, réunies en séance solennelle, le chef de l'État français,
relève-t-on à Brasilia, a eu des propos chaleureux pour le Brésil, sa
« vitalité et son grand peuple ». Une petite phrase, surtout, a
retenu l'attention : dans l'éloge de son hôte, M. Giscard d'Estaing a
parlé, de « sa droiture, sa simplicité, la fermeté de ses convictions et
son ouverture sur les évolutions nécessaires ».
— Presse Océan, 6 octobre 1978 (p. 3)
« Cette assemblée sera écoutée et entendue. Elle représentera
un moteur psychologique qui conduira les gouvernements à rechercher, par de
nouveaux accords, à donner de nouveaux contenus à la vie communautaire, et donc
au Parlement européen ». Ces petites phrases sont évidemment à rapprocher
de celle, désormais fameuse, de M. Schmidt :« Je ne crois pas que le
Parlement élu se contentera des droits relativement restreints dont il dispose
à l'heure actuelle ».
— Ouest-France, 20
novembre 1978
Autant le chancelier Helmut
Schmidt a de doigté pour les particularités anglo-saxonnes, autant aussi il
manque d'intuition en ce qui concerne la mentalité française. Avec sa petite
phrase, il a porté un coup grave à tous les Européens français et, à leur tète,
au président Valéry Giscard d'Estaing.
— Ouest-France, 20 novembre 1978 (p. 4)
Et l’hôte de Matignon pour qui
« l’horizon s'est éclairci », et qui estime avoir le temps devant lui
« pour réaliser les réformes nécessaires », a eu cette petite phrase
cuisante : « L'ambition ne se réalise pas seulement par le
verbe »... avant d'emprunter à François Mauriac ce mot
cruel :« Moins les gens ont d'idées à exprimer et plus ils parlent
fort ».
— Ouest-France, 21 avril 1978 (p. 3)
Sur l'Europe, sur les compétences
de la future Assemblée élue de Strasbourg, sur les « petites
phrases » ambiguë s de certains chefs de gouvernement des
« Neuf », toutes questions qui appartiennent à une actualité plus
controversée, M. Giscard d'Estaing a fait preuve d'une calme autorité,
susceptible d'apaiser certaines craintes…
— Ouest-France, 22
novembre 1978
Les hebdomadaires français
excellent dans l'analyse subtile des « petites phrases » d'hommes
politiques, dans la description et le commentaire généralement très fouillés
mais presque totale ment désincarnés d'une situation sociale, économique ou
politique.
— Ouest-France, 23 juin 1978 (Une)
la controverse entre François
Mitterrand et Michel Rocard, pour le contrôle du parti socialiste et la
candidature à l'élection présidentielle, qui s'insinuait dans toutes sortes de
rumeurs, rampait autour des « petites phrases » des uns et des autres
et rôdait autour de l'état-major du parti, est maintenant officiellement
déclarée.
— Ouest-France, 27 novembre 1978 (Une)
On retiendra également le passage
sur les divisions de la majorité : « Les Français souhaitent l'unité,
je serai donc conduit à prendre des mesures pour rétablir cette unité ».
Une petite phrase sibylline qui va susciter de nombreuses interrogations dans
les milieux intéressés.
— Ouest-France, 8 mars 1979 (p. 2)
Pour les trois premiers points
(Gaza, pétrole, ambassadeurs), M. Carter a précisé que mardi matin M. Begin
avait accepté de présenter les propositions de son gouvernement. Cette petite
phrase du président américain semble souligner que la balle est de nouveau dans
le camp israélien. En fait, tout s'est passé comme si M. Sadate l’avait
discrètement et habilement poussée du pied.
— Ouest-France, 14 mars 1979 (p. 2)
Une petite phrase pour désamorcer
une bombe ? Je rappelle que l'élection à l'Assemblée des Communautés
européennes a été décidée par la loi. Cette décision ne pourrait être modifiée
que par la loi.
— Ouest-France, 18 janvier 1979 (p. 3)
Pas tendre pour la C.G.T., ni
pour le P.C., André Bergeron, secrétaire général de Force Ouvrière, dans une
interview à Valeurs actuelles. C’est un recueil de « petites
phrases ». Exemples :« En France, comme en Italie, nous souffrons du poids
du Parti communiste ». « Les motivations de la C.G.T. sont
toujours politiques, même si elles se greffent sur des revendications
syndicales fondées ».
— Ouest-France, 8 septembre 1980 (p. 4)
Si l’officialisation de cette
tactique par le n° 1 du P.C. est tout de même considérée comme un tournant dans
les relations des deux partis, deux autres petites phrases ont surtout retenu
l'attention des socialistes. La première, prononcée par Georges Marchais,
confirme que pour le P.C. il n'est plus question d'accord…
— Ouest-France, 15 octobre 1980
Michel Le Séac’h