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Parmi elles, une se détache nettement : « Tu les trouves
jolies, mes fesses ? » Elle est citée depuis hier par Ouest-France,
Nice
Matin, Télérama,
Sud-Ouest,
Les
Échos, TF1
Info, La
Charente libre, Nice-Matin,
Le
Républicain Lorrain, 20
Minutes, Le
Monde, Le
Figaro, etc.
Elle provient d’un film de Jean-Luc Godard, Le Mépris (1963).
Or le dialogue entre Brigitte Bardot et Michel Piccoli s’y déroule ainsi :
– Tu vois mes pieds dans la
glace ?
– Oui
– Tu les trouves jolis ?
– Oui, très.
– Et mes chevilles, tu les aimes ?
– Oui.
– Tu les aimes mes genoux aussi ?
– Oui, j'aime beaucoup tes genoux.
– Et mes cuisses ?
– Aussi.
– Tu vois mon derrière dans la glace ?
– Oui.
– Tu les trouves jolies, mes fesses ?
– Oui, très.
– Je me mets sur mes genoux ?
– Non, pas besoin.
– Et mes seins, tu les aimes ?
– Oui, énormément. […]
– Et mes épaules, tu les aimes ?
– Oui.
Etc. La phrase est également citée dans plus d’une
vingtaine de livres consacrés à Brigitte Bardot, à Jean-Luc Godard, au cinéma
français, à l’amour, au désir… Pourquoi les médias, quand ils résument cette séquence célèbre, ont-ils tendance à s’intéresser aux fesses plutôt qu’aux
genoux ou aux seins ? Probablement parce que c’est la partie du corps
féminin qui fascine le plus la gent masculine, comme l’ont montré plusieurs études.
À l’instar des petites phrases politiques, les répliques
cultes du cinéma sont des « microrhétoriques » : leur force
vient de l’alignement entre un logos, un ethos et un pathos.
Dévoiler des fesses admirables et en parler correspond bien à l’ethos à
la fois de la personnalité publique de Brigitte Bardot et de son personnage dans
le film, Camille. Mais ce qui rend la phrase immortelle est sans doute qu’elle mobilise aussi le pathos du public – du public masculin en tout cas. Et le pathos a
dicté sa loi en choisissant les fesses de préférence aux épaules ou aux pieds.
M.L.S.
Illustration créée par DALL E

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