Au mois de juin, on s’en souvient, Nicolas Sarkozy a suscité un tollé pour avoir « comparé l'afflux de migrants en
Europe à une grosse fuite d'eau » (AFP). Sa déclaration, était en
réalité celle-ci : « C'est un peu comme la maison où il y a
une canalisation qui se déverse dans la maison, elle se déverse dans la
cuisine, et le type qui a réfléchi, il dit, attention, on va répartir la fuite,
on va mettre une partie de la canalisation qui est dans la cuisine, on va la
mettre aussi dans la salle à manger, puis dans le salon », etc.
Mercredi dernier, Paolo Gentiloni, ministre des Affaires étrangères
italien, a fait la déclaration suivante : « Chiedere
a Grecia e Italia di fare i compiti a casa sull’immigrazione sarebbe come dire
a Paesi colpiti da un alluvione di accelerare la produzione di ombrelli » (demander
à la Grèce et l'Italie de faire leurs devoirs sur l'immigration serait comme
dire à des pays victimes d’une inondation d'accélérer la production de
parapluies).
On note l’étroite parenté entre ces métaphores
aquatiques, dirigées toutes deux contre l’attitude de la Commission européenne
ou de pays européens et non contre les migrants eux-mêmes (que ni l’une ni
l’autre ne désigne directement). On aurait pu s’attendre à ce que l’effet de la
seconde soit encore plus fort car :
- Elle mentionne explicitement « un alluvione » alors que l’autre n’inclut même pas les mots « fuite d’eau ».
- Elle émane d’un ministre en exercice, directement impliqué dans la question des migrants, et non d’un chef de parti.
- Elle a été publiée sous forme d’un entretien officiel avec le Corriere della Sera, l’un des principaux quotidiens italiens, et non filmée à la sauvette dans une réunion de militants.
Michel Le Séac’h
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