L’interview donnée par Emmanuel Macron aux Échos dans l’avion qui le ramenait de Chine, le 9 avril, a suscité des réactions abondantes, en France et dans le monde. Une phrase en particulier, à propos des tensions entre Américains et Chinois autour de Taiwan, y a été ciblée :
« La pire des choses serait de
penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous
adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise. »
Cependant, les médias qui la rangent dans la catégorie « petite phrase » ne sont pas nombreux. On peut citer :
- La
Croix : « de nouveau une petite phrase qui fait
polémique »
- Cnews :
« cette petite phrase d’Emmanuel Macron qui provoque la colère de
ses partenaires occidentaux »
- 20
minutes : « après avoir secoué l’Occident, la petite phrase
d’Emmanuel Macron sur Taïwan est applaudie en Chine »
- Valeurs
actuelles : « la polémique gonfle autour d’une petite
phrase glissée par Emmanuel Macron dans une interview aux Échos, le
9 avril »
À l’étranger, la RTBF évoque aussi dans une revue de presse « Emmanuel Macron et la petite phrase qui fâche ».
Plusieurs médias rappellent l’étrange propension du président de la République à effectuer des déclarations controversées lors de ses voyages à l’étranger. Mais cette fois la controverse a lieu plus à l’étranger qu’en France même.
La question des retraites accapare toujours l’opinion. La déclaration elle-même manque des caractéristiques qui font les petites phrases notables. Elle est longue (27 mots), elle contient des mots complexes et allusifs (suiviste, surréaction), elle est au conditionnel, elle concerne des pays lointains et elle ne s’adresse pas aux Français mais aux Européens. Elle est peu reprise sur les médias sociaux, sauf au second degré, pour évoquer une parenté avec certaines déclarations du général de Gaulle ou pour souligner les réactions hostiles enregistrées à l’étranger.
Google Trends révèle que les recherches sur Macron + Taiwan ne sont pas à leur maximum le 10 avril, après la parution de l’article en France, mais le 11 et le 12, lorsque sont connues les réactions à l’étranger. Le 12 avril, les recherches sur Macron + Trump sont même plus nombreuses que celle sur Macron + Taiwan. Interrogé par Fox News à propos de la déclaration du président français, Donald Trump vient de lâcher : « he is licking China’s ass » (il lèche le cul de la Chine) ! Une petite phrase, pour le coup, ignorée par l’essentiel de la presse américaine mais largement citée en France, par Le Figaro, Le Point, Le Parisien, RTL, Sud Ouest, etc. La France montre en l’occurrence une certaine propension à s’adapter au « rythme américain »… Cependant, l’intérêt pour le sujet disparaît en quelques jours (cf. copie d’écran)
Cette déclaration, qu’on pourrait considérer comme la plus importante jamais prononcée par Emmanuel Macron en matière de politique internationale, aura sans doute moins marqué sa carrière présidentielle en France que les « Gaulois réfractaires » ou le « pognon dingue ». Elle dit quand même quelque chose du rapport entre le président et les Français : récupérer un leadership perdu n’est sûrement pas une mince affaire.
Michel Le Séac'h
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