La mécanique de la petite phrase « montée en
épingle » commence à être bien comprise des meilleurs débatteurs. Témoin
cette passe d’armes entre Michel Onfray et Léa Salamé* hier soir sous le regard
de Laurent Ruquier dans On n’est
pas couché, sur France 2 (à 1:59:15 dans l’enregistrement) :
- Je retiendrai votre dernière phrase : la France a une politique islamophile.
- C'est ça qui vous intéresse, hein ? Pour pouvoir faire un petit machin... Hein, la petite phrase…
Trois ou quatre fois déjà au cours de l’émission, la
journaliste avait entrepris le philosophe sur le thème « vous avez
écrit… » ou « vous avez dit… », faisant même
diffuser un extrait d’une déclaration à la radio-télévision suisse, qu’elle
avait ponctué de la question : « Pourquoi Marine Le Pen est
libertaire ? ». Et Michel Onfray, au lieu de répondre
directement, de demander : « Vous pouvez donner la question qui
m’avait été posée ? », puis d’expliquer : « C'est
facile de sortir un mot comme ça et de dire "vous avez dit" ‑ fiche de police ‑ chez les Suisses, une fois, telle chose. » Et un peu plus tard : « Vous avez juste envie que je vous dise que j'adore Marine
Le Pen et comme je ne le fais pas ça vous embête. »
Sortir une petite phrase de son contexte pour en faire une
exploitation polémique est une pratique vieille comme le débat politique. Chercher
« proactivement » à faire prononcer une petite phrase qu’on
exploitera ensuite est plus récent et peut poser un problème déontologique. « C'est
vrai que vous êtes trop journaliste là, Léa », a commenté Laurent
Ruquier. Trop journaliste ? Ou au contraire pas assez ?
Michel Le Séac'h
Michel Le Séac'h
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* Participaient aussi à l’émission Émilie Frèche, Louis
Garrel, Vincent Macaigne, Philippe Martinez, Yann Moix, Nekfeu.