« Voulons-nous un candidat qui pourrait se retrouver
englué devant les tribunaux pendant deux ans ? » À la veille des
primaires pour l’élection présidentielle américaine, cette petite phrase de
Donald Trump fait sensation.
Elle vise Ted Cruz, aujourd’hui considéré comme le principal
rival de Trump dans la course à l’investiture républicaine. Interrogé lundi soir par le Washington
Post, Trump a expliqué : « Je n’aimerais pas qu’un
obstacle de ce genre se dresse devant lui. Mais beaucoup de gens en parlent et
je sais même que certains états regardent cela de très près, le fait qu’il est
né au Canada et qu’il a eu un double passeport. » Il n’y a pas qu’en
France que la double nationalité est un sujet de débat !
On ne va pas entrer ici dans le fond de l’affaire. En bref,
la Constitution américaine dispose que le président des États-Unis doit être
citoyen de naissance (« natural-born citizen »). Ted Cruz est
né au Canada d’un père cubain et d’une mère américaine. Pourrait-il devenir
président ? Les constitutionnalistes ne semblent pas l’exclure. Or,
contrairement à l’habitude, cette sortie de Donald Trump n’a pas été accueillie
par des quolibets. Au contraire, elle a été relayée par les responsables du
Parti républicain.
Pourquoi ?
Le journaliste conservateur Rush
Limbaugh a son idée sur la question : « l’establishment
républicain déteste Cruz. Ils détestent Cruz plus qu’ils ne détestent Trump,
car ils se disent que Trump serait plus ou moins malléable, qu’ils auraient une
petite chance de travailler avec lui. Mais ils voient Cruz comme un
conservateur rigide et inflexible, rien à faire, ils le méprisent. » Les
grands journaux comme le Daily
News ou le Wall
Street Journal, pas davantage séduits par le fondamentalisme chrétien
de Ted Cruz, se font un plaisir de reprendre l’interrogation, transformant en
petite phrase ce qui aurait pu rester une simple pique.
N.B. : une interrogation n’est pas propice à la
naissance d’une petite phrase*. Ici, de toute évidence, la question est
rhétorique. Elle signifie simplement : « Cruz n’est pas un bon
candidat ». Mais au lieu de le dire directement, elle l’exprime avec toute
la puissance d’un sous-entendu.
Michel Le Séac'h
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Michel Le Séac'h
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