26 juin 2015

Le silence, remède aux petites phrases pour Manohar Parrikar

« Kante se kanta nikalna » : Manohar Parrikar, ministre de la Défense indien, ne parvient pas à se débarrasser cette petite phrase en hindi prononcée fin mai. Elle signifie littéralement « ôter une écharde avec une écharde » mais, dans le contexte, il s’agissait de neutraliser le terrorisme par le terrorisme. On note la répétition interne kante/kanta, favorable à la naissance d’une petite phrase, renforcée par une assonance (répétition du « a »).

Ces propos prononcés par un personnage en vue sur une grande chaîne de télévision, Aaj Tak, avaient toutes les chances d’être largement diffusés. Et toutes les chances aussi de marquer, puisque le problème du terrorisme inquiète les Indiens. Mais ils rappelaient de mauvais souvenirs, les opérations anti-terroristes clandestines menées dans les années 1990, et ils ont irrité le Pakistan, refuge des terroristes visés par M. Parrikar.

Ce dernier s’est empressé de faire en partie machine arrière, assurant dans les jours suivants que neutraliser les terroristes ne signifiait pas forcément les tuer. Mais la presse n’a pas tenu quitte un ministre qui a aussi déclaré « on n’entretient pas une armée de 1,3 millions d’hommes pour prêcher la paix ». Depuis un mois, chaque fois qu’il rencontre un journaliste, Manohar Parrikar est systématiquement interrogé sur l’achat de Rafale français… et sur sa petite phrase. Et quoi qu’il dise, ses réponses sont prises en mauvaise part. « Dès que je m’exprime, les gens se mettent à chercher des choses », s’est-il plaint.

En désespoir de cause, il a annoncé samedi dernier qu'il allait se soumettre à un traitement radical : l'amputation de parole. Il ne parlera plus à la presse pendant six mois.

Photo Joel's Goa Pics, Flickr, cc-by-sa-2.0

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