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21 décembre 2021

Olivier Véran : « Le pass vaccinal est une forme déguisée d’obligation vaccinale » (PPDM)

PPDM* qualifiée par : Femme actuelle, 18 décembre 2021

« Quelle différence entre pass vaccinal et obligation vaccinale ? » demande Brut à Olivier Véran. « Le pass vaccinal est une forme déguisée d'obligation vaccinale », répond franco le ministre de la Santé. Jeanne Ferry, dans Femme actuelle, y entend « une petite phrase [qui] risque de faire beaucoup de bruit ». Le ministre qui traquait le virus il y a six mois traque plutôt les non-vaccinés à présent.

Cependant, Brut peut se montrer policé. Si la question/réponse ci-dessus est bien celle qu’il a postée sur Twitter, la version qu’on peut lire sur son site web est un peu différente. « Quelle différence entre pass vaccinal et obligation vaccinale ? » y demande le média. À quoi le ministre répond : « Le pass vaccinal est une façon d'arriver à l'obligation vaccinale. » Cette forme atténuée paraît moins susceptible de provoquer des effets secondaires.

Olivier Véran est en pointe depuis un moment dans l’actualité des petites phrases. Ouest-France a aussi accordé le label « petite phrase » hier à cette considération formulée samedi sur France inter : « On ne peut pas empêcher les gens d’aller travailler s’ils ne sont pas vaccinés, mais on peut exiger d’eux qu’ils passent un test s’ils ne sont pas vaccinés. »

* PPDM : petite phrase du moment. En période pré-électorale, les petites phrases à espérance de vie limitée se multiplient. Cette leur rubrique est consacrée. Elle est destinée à des déclarations qualifiées de « petite phrase » par au moins un média important.

20 juin 2021

« Ce n’est plus le virus qui nous traque… » : une petite phrase qui a déjà trop servi

« Ce n’est plus le virus qui nous traque, c’est nous qui le traquons » : Ainsi s’exprimait Olivier Véran au micro de Sonia Mabrouk, sur Europe 1, le 26 juin 2020 (à 1:05 sur la vidéo ; texte intégral sur le site Vie Publique). Avec son balancement interne, cette petite phrase était de belle facture. Elle n’avait pourtant pas eu un retentissement considérable à l’époque. Question de contexte, sûrement. Sortis du confinement, les Français avaient d’autres idées en tête.

Peut-être déçu du peu d’impact de sa formule, le ministre de la Santé l’avait réitérée un mois plus tard, à deux jours d’intervalle, à l’occasion d’entretiens avec Le Soir puis avec Le Parisien. Là, il prenait un risque, car la tonalité héroïque de cette phrase n’était déjà plus de mise. « Derrière le propos guerrier pointe la fébrilité du gouvernement », soulignait Solveig Godeluck dans Les Échos. En effet, les contaminations avaient recommencé à progresser depuis trois semaines : la seconde vague de l’épidémie s’annonçait.

Les répétitions de cette phrase n’avaient pas marqué davantage que sa première apparition. Et en réalité, vu la suite des événements, le ministre avait tout lieu de s’en féliciter : il valait mieux rester dans l’obscurité que s’illustrer avec une formule démentie par les faits.

On comprend donc mal pourquoi, deux vagues épidémiques et 100 000 décès plus tard, Olivier Véran a tenu à réitérer encore une fois sa petite phrase aujourd’hui dans Le Journal du dimanche. Peut-être est-elle enfin vraie sur le fond, mais à quoi bon prendre le risque qu’on lui rappelle ses antécédents ?

Ce qui n’a pas manqué, bien entendu : la répétition a été vite repérée par des internautes et par les chaînes d’information en continu. Et le second degré de la petite phrase, qui aurait dû être « la France est en train de vaincre l’épidémie », devient quelque chose comme : « le ministre de la Santé se ridiculise ».


Michel Le Séac’h

Illustration : copie partielle d’écran Twitter

01 septembre 2020

« Le masque ne sert à rien », le retour d’une petite phrase-sparadrap

Avec la rentrée, la France entre dans le dur des mesures anti-covid-19, à l’école, dans les entreprises et dans les transports en commun. Beaucoup de gens pour qui elles n’étaient pas une réalité quotidienne y sont désormais soumis. Et celle qui passe mal est évidemment le port du masque.

Porter un masque chirurgical en ville et au travail est une routine dans certains pays d’Asie. Mais les Français ne sont pas des Asiatiques. Et quand on voit une opposition dure monter en Allemagne et au Royaume-Uni, on se dit que la France y échappera difficilement. De fait, une hostilité croissante s'exprime depuis quelques jours sur le net et les réseaux sociaux. Beaucoup s’exclament : « le masque ne sert à rien ».


La force de cette expression est qu’il ne s’agit pas d’un slogan ou d’un mot d’ordre mais d’une petite phrase. Et pas une simple parole malheureuse mais une position officielle du gouvernement d’Édouard Philippe. Celui-ci déclarait lui-même en mars dernier, au journal de TF1 : « Porter un masque en population générale, ça ne sert à rien ». À la même époque, son entourage plussoyait :
  • « L’usage des masques est inutile en dehors des règles d’utilisation définies » ‑ Olivier Véran, ministre de la Santé.
  • Le masque est « totalement inutile pour toute personne dans la rue » ‑ Jérôme Salomon, directeur général de la Santé.
  • « Les Français ne pourront pas acheter de masques dans les pharmacies, car ce n’est pas nécessaire si on n’est pas malade » ‑ Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement.
(À propos de Sibeth Ndiaye, un site parodique lui avait fait dire que « le port du masque ne sert à rien » mais qu’il deviendrait obligatoire « dès que les stocks seront réapprovisionnés ». L’AFP avait rapidement dénoncé ces « propos inventés »…)

Quelles que puissent être ses raisons objectives, un changement de doctrine des experts médicaux par exemple, le gouvernement aura du mal à se débarrasser de cette petite phrase. Elle collera à ses semelles comme le légendaire sparadrap du capitaine Haddock. Elle nourrira toutes les oppositions au masque, et tout ce que le gouvernement pourra dire à ce sujet sera fatalement suspect d’insincérité. Il a lui-même délégitimé à l’avance une mesure qu’il entend imposer aujour’hui.

Voici deux ans, un objet du quotidien, aussi basique que le masque, la chasuble de sécurité, était devenu l’emblème d’une rébellion civique approuvée à ses débuts par plus de 60 % des Français. La révolte des Gilets jaunes était largement motivée par des petites phrases. Décidément, Emmanuel Macron et les siens ont du mal avec ces objets verbaux mal identifiés.

Michel Le Séac’h